Agnès Firmin Le Bodo dévoile les premiers résultats de la concertation nationale sur la santé des professionnels de santé et esquisse des thématiques de travail prioritaires

Mieux reconnaître et mieux protéger les professionnels de santé est au cœur des priorités du Gouvernement et de la feuille de route du ministère de la Santé et de la Prévention. Une mission a été lancée à ce sujet par Agnès Le Bodo, à la demande de François Braun, en janvier dernier, en y associant largement les parties prenantes et les représentants des professionnels de santé.

La santé des soignants est un sujet de préoccupation majeur de santé publique. Si cette problématique n’est pas nouvelle, la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 a révélé au grand public les risques particuliers liés à ces métiers. Les professionnels de santé ont tendance à faire passer en priorité la santé de leurs patients. Mais, pour bien prendre soin des autres, il faut apprendre à prendre soin de soi.

Agnès Firmin Le Bodo a lancé le 30 mars dernier un grand chantier national dédié à la santé des professionnels de santé, en y associant l’ensemble des parties prenantes.

Le questionnaire co-construit avec les fédérations (FHF – FHP – Nexem – FEHAP – La Croix Rouge …), des représentants des professionnels de santé (l’UNPS – les Libéraux) et des Ordres, ainsi que l’association des directeurs de soins, la fondation MNH et les personnalités qualifiées, a permis d’engager une dynamique collective puisque près de 50 000 professionnels de santé des domaines de la santé, du social et du médico-social, institutionnels et libéraux, y ont participé. Cette mobilisation témoigne de l’attention des professionnels de santé pour ce sujet. Plusieurs grandes tendances se dégagent de cet échantillon.

Quelques chiffres clés issus des réponses des professionnels de santé ayant participé à cette consultation

  • 63 % estiment que leur état de santé n’est pas bon (en y incluant les « très mauvais », les « mauvais » et les « assez bon ») ;
  • 53 % donnent une note inférieure à 7/10 concernant leur vie actuelle ;
  • 71 % estiment le niveau de stress lié à l’activité professionnelle supérieur à 6/10 ;
  • 77 % estiment ne pas dormir suffisamment ;
  • 64 % évaluent leur état de fatigue inférieur ou égal à 5/10 ;
  • 14 % déclarent ne pas avoir de médecin traitant ;
  • Seulement 11 % des professionnels de santé y ayant accès, jugent que leur dernière consultation auprès de la médecine du travail a eu un impact positif.

Pour promouvoir la santé des professionnels de santé, il convient d’adopter une approche globale : de la prévention jusqu’aux soins, et ce en intégrant les plus jeunes d’entre eux dans la démarche, dès les études de santé.

La ministre a précisé aujourd’hui lors du salon SantExpo les axes de travail plus particulièrement suivis.
 

  • Sensibilisation et formation : mise en place d’actions de sensibilisation ainsi que de programmes d’information et de formation pour accompagner les professionnels de santé, les représentants du personnel et le management à la gestion du stress, à la promotion de la santé et à la prévention des risques psychosociaux ;
  • Amélioration de l’environnement de travail : favoriser les conditions d’un environnement de travail sain et sûr pour les professionnels de santé, en mettant en place des politiques de prévention des risques psychosociaux et en accompagnant, en incitant les établissements, les équipes à améliorer les modalités de travail, notamment en termes d’organisation du temps de travail et de reconnaissance du temps travaillé ;
  • Prévention et accès aux soins : évolution des dispositifs afin de faciliter l’accès aux dispostifs de prévention et aux soins pour les professionnels de santé (bilans de santé, accès à la médecine du travail pour les libéraux, horaires de consultation adaptés à l’emploi du temps des professionnels de santé…), engagement d’une réflexion sur le recours à l’automédication, assistance psychologique, via des centres dédiés, une ligne téléphonique et une plateforme en ligne avec des ressources pour soutenir psychologiquement et émotionnellement les soignants ;
  • Recherche : l’investissement dans la recherche sur la santé des professionnels de santé est un enjeu majeur, afin d’améliorer notre compréhension collective des causes et des effets des problèmes de santé mentale et physique liés à leur activité professionnelle, mais aussi dès les premières années de formation (études, internat…). Les résultats de l’enquête de la DREES, à venir, portant sur la santé mentale des professionnels de santé, seront précieux. Leurs enseignements appuieront les choix, les priorités des actions à mener.
  • Solidarité et confraternité : réflexion sur l’extension du principe « d’assistance dans l’adversité » aux professionnels de santé, en ce qui concerne leur santé, dans un objectif de pair-aidance.

La ministre présentera, fin juin, les premières mesures de la feuille de route partagée et pluriannuelle visant à préserver, promouvoir et améliorer la santé des professionnels de santé. Par ailleurs, elle sollicitera dès les prochains jours le concours des ARS à ce chantier national, notamment la réalisation d’un état des lieux des actions actuellement en place ou encore par la désignation d’un correspondant dans chaque ARS.

« Prendre soin de la santé des soignants, c’est s’engager sur l’avenir, fidéliser ceux qui s’engagent, qui résistent… Améliorer l’attractivité des filières du soin et préserver les compétences acquises pour que nous puissions continuer à prendre soin les uns des autres. C’est pourquoi mon objectif consiste, outre la préservation et la promotion de la santé des professionnels de santé, à élaborer une organisation et une culture de travail permettant de retrouver une image positive des métiers de la santé. Il s’agit de l’une de mes priorités, afin de contribuer à restaurer leur attractivité tout en améliorant leur capacité de travail. Car comme vous, je suis convaincue qu’un professionnel qui va bien est un professionnel qui soigne bien. »