Pourquoi l’allongement de la durée de cotisation est-elle la mesure la plus juste pour assurer l’équilibre du système des retraites ?

La réforme des retraites prévoit l’allongement de la durée d’assurance requise pour percevoir une retraite à taux plein à partir de 2020. Cette durée passera progressivement, à raison d’un trimestre tous les trois ans, à 172 trimestres en 2035 – c’est-à-dire pour la génération née en 1973.

Pourquoi allonger la durée de cotisation ?

Notre système de retraites connaît un déséquilibre, dû à l’arrivée à la retraite des générations du baby boom et à l’allongement de l’espérance de vie. Ces deux facteurs augmentent la somme des pensions à verser par les générations au travail.

La réforme choisit donc d’allonger la durée de cotisation pour tout le monde, jusqu’en 2035, afin de rétablir l’équilibre. Au-delà de 2035, les nouvelles générations arrivant à la retraite seront moins nombreuses : il ne sera plus nécessaire d’accroître la durée d’assurance.

Pourquoi est-ce la mesure la plus juste ?

D’abord parce que cette mesure permet de répartir l’effort entre tous les actifs.

Ensuite parce c’est la mesure qui aura le moins de conséquences sur les catégories socioprofessionnelles les plus modestes, qui commencent à travailler plus tôt. Les assurés qui font de longues études et entrent tard dans la vie professionnelle partent déjà plus tard que les autres à la retraite.

Un accroissement de l’âge minimum de départ à la retraite au-delà de 62 ans aurait l’effet exactement inverse : cela contraindrait les plus modestes à travailler davantage et affecterait peu les carrières des plus favorisés.

Enfin, elle donne de la visibilité dans la durée aux cotisants comme aux gestionnaires du système.

Est-ce que cela signifie que tout le monde partira à la retraite plus tard ?

Non, car même si l’entrée dans la vie active se fait plus tard (à 22 ou 23 ans en moyenne), cet âge a cessé d’augmenter depuis les années 2000.

La réforme accroît par ailleurs les possibilités de validation des premières années de l’âge adulte : validation des périodes d’apprentissage, de stages, rachat de trimestres d’études, meilleure prise en compte des emplois courts et peu payés (jobs d’été…).

A 22 ans, un jeune peut déjà avoir validé plusieurs trimestres, même s’il n’a pas fini ses études.

Surtout, 43 ans de cotisations, cela ne signifie pas forcément 43 ans de carrière et de travail continu. Les périodes de chômage, de maladie, l’invalidité, le service militaire, les congés parentaux, les années passées à élever ses enfants avec peu de ressources… donnent droit à des trimestres.

Et cette prise en compte des interruptions de carrière et des périodes de faibles revenus sera améliorée par la réforme.

Pour les femmes chaque enfant donne déjà droit à 8 trimestres supplémentaires comptés dans la durée d’assurance. Une femme qui a eu 2 enfants, par exemple, peut valider à ce titre 4 années supplémentaires (16 trimestres). Si elle commence à travailler à 23 ans, elle pourra bien partir à 62 ans, après 39 années de carrière.

Grâce à la réforme, les personnes ayant exercé des métiers pénibles pourront bénéficier de trimestres supplémentaires, et partir à la retraite plus tôt. Les personnes ayant commencé à travailler très jeunes pourront toujours partir avant 62 ans, dans des conditions encore assouplies par la réforme.

Cette mesure accroît-elle les inégalités entre les hommes et les femmes ?

En 2004, les femmes validaient certes en moyenne 20 trimestres de moins que les hommes ; mais à partir de 2020, selon l’Insee, avec l’arrivée à la retraite de nouvelles générations de femmes ayant eu des carrières complètes, cette différence devrait disparaître, voire s’inverser.

L’augmentation de la durée d’assurance ne pèsera donc pas davantage sur les femmes que sur les hommes.

L’accroissement de la durée de cotisation n’est pas une augmentation déguisée de l’âge minimum pour tous. C’est une mesure juste, qui répartit équitablement l’effort, et n’accroît pas les inégalités face à la retraite.