Bulletin Officiel n°2003-46MINISTERE DE LA SANTÉ, DE LA FAMILLE
ET DES PERSONNES HANDICAPÉES
Direction générale de la santé

Avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, section maladies transmissibles relatif à la vaccination contre le méningocoque de sérogroupe C (séance du 27 juin 2003)

SP 4 445
3561

NOR : SANP0330585V

(Texte non paru au Journal officiel)

Considérant d'une part :
- l'avis du CSHPF du 8 mars 2002 relatif à la vaccination par le vaccin conjugué contre le méningocoque C ;
- l'avis du CSHPF 15 novembre 2002 relatif à la vaccination par le vaccin conjugué contre le méningocoque ;
- que le vaccin antiméningococcique conjugué C déclenche une réponse immune dès l'âge de 2 mois ;
- que par rapport aux vaccins polysaccharidiques non conjugués, la réponse immunitaire (en termes de titre d'anticorps sériques) induite par ce vaccin est plus élevée un mois après l'injection, chez les nourrissons, les enfants et les adolescents, et est comparable chez les adultes ;
- que la vaccination par un vaccin antiméningococcique conjugué C confère une mémoire immunitaire, contrairement aux vaccins polysaccharidiques non conjugués ;
- que la réponse immunitaire pour les vaccins antiméningococciques conjugués C parait durable (en effet, une étude faite 4 ans après l'introduction de la vaccination au Royaume-Uni, montre l'existence d'une mémoire immunitaire chez les enfants vaccinés. Par analogie avec ce qui est observé au décours d'une vaccination par tout vaccin induisant une réponse immune cellulaire de type thymo-dépendant, le vaccin antiméningococcique conjugué devrait conférer des niveaux élevés de protection pendant une durée supérieure à celle des vaccins polysaccharidiques non conjugués) ;
- que, par analogie avec la réponse avec tout vaccin induisant une réponse immune cellulaire de type thymo-dépendant, la montée du titre des anticorps sériques après contact avec la bactérie, est rapide et forte. La montée des anticorps devrait être constatée 4 à 5 jours, soit après une injection vaccinale, soit après une infection avec la bactérie.
Considérant d'autre part :
- que les vaccins polysaccharidiques non conjugués se sont avérés être bien tolérés et très immunogènes dans le cadre des recommandations retenues (vaccination autour d'un cas, voyage en zone d'endémie ou d'épidémie, sujets à haut risque), bien que la valence C soit inefficace chez l'enfant de moins de 2 ans ;
- que les seules données comparatives disponibles entre le vaccin polysaccharidique non conjugué et le vaccin conjugué sont d'ordre immunologique ;
- que les effets à long terme du vaccin antiméningococcique conjugué C sur le portage pharyngé du méningocoque C ainsi que l'induction d'une immunité communautaire n'ont pu être établis ;
- que les enfants porteurs d'un déficit en fraction du complément (C7, C8, C9) sont plus sujets aux infections invasives à méningocoque Y ;
- que la vaccination antiméningococcique autour d'un cas d'infection invasive à méningocoque (IIM) (1) et en situation d'incidence particulièrement élevée (2) a un objectif de protection individuelle rapide ;
- que la vaccination antiméningococcique autour d'un cas d'IIM est recommandée dans un délai maximum de 10 jours après le début de l'hospitalisation du malade (1), et constitue un complément à l'antibioprophylaxie qui doit être mise en place.
Le Comité technique des vaccinations recommande :
- entre 2 mois et 2 ans :
- l'utilisation du vaccin antiméningococcique conjugué C pour les enfants porteurs d'un déficit en properdine ou ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ; ou souffrant de déficit en fractions terminales du complément ;
- l'utilisation du vaccin antiméningococcique conjugué C pour les sujets contacts¹ d'un cas d'infection invasive à méningocoque de sérogroupe C, ou pour les sujets vivant dans les zones délimitées où l'incidence du méningocoque de sérogroupe C est particulièrement élevée (2) ;
- au delà de 2 ans :
- l'utilisation du vaccin polysaccharidique tétravalent (A, C, Y, W135) pour les enfants porteurs d'un déficit en properdine ou ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ; ou souffrant de déficit en fractions terminales du complément ;
- l'utilisation indifféremment de l'un ou l'autre des vaccins antiméningococcique polysaccharidique ou conjugué C pour les sujets contacts (1) d'un cas d'infection invasive à méningocoque de sérogroupe C ;
- l'utilisation d'un vaccin antiméningococcique polysaccharidique ou conjugué C, selon les recommandations émises par la cellule d'aide à la décision (1), pour les sujets vivant dans les zones délimitées où l'incidence du méningocoque de sérogroupe C est particulièrement élevée (2).
Cet avis ne peut être diffusé que dans son intégralité sans suppression ni ajout.

Bibliographie Méningocoque C :

- Artenstein, M.S., Winter, P.E., Gold, R., and Smith, C.D. Immunoprophylaxis of meningococcal infection. Mil. Med. 1974 ;139, 91-95.

(1) Circulaire DGS/SD5 C n° 2002-400 du 15 Juillet 2002 modifiant la circulaire DGS/SD5 C n° 2001-1542 du 8 novembre 2001 relative à la prophylaxie des infections invasives à méningocoque.
(2) Cas groupés ou épidémie, cf. critères d'alerte de la circulaire 542 du 8 novembre 2001 modifiée par la circulaire 400 du 15 juillet 2002 ou sur avis du CTV.