Actualités
– La Directive 2013/59/EURATOM du 5 décembre 2013 introduit de nouvelles obligations vis-à-vis de la gestion de ce risque. Cette directive doit être transposée en droit français avant le 6 février 2018. Les dispositions législatives ont d’ores et déjà été transposées par l’ordonnance n° 2016-128 du 10 février 2016 portant diverses dispositions en matière nucléaire (articles 38 et 40) et par la Loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé (article 49).
– Le décret n°2018-434 du 04 juin 2018 portant diverses dispositions en matière nucléaire achève la transposition de la directive européenne 2013/59/Euratom1 du Conseil du 5 décembre 2013.
Ce décret apporte plusieurs avancées dans le domaine de la radioprotection et de la sécurité permettant une meilleure prise en compte de la protection de la population vis-à-vis des rayonnements ionisants et notamment du radon. Ce texte :
- abaisse le seuil de gestion de 300 Bq/m3 au lieu de 400 Bq/m3,
- élargit la surveillance des établissements recevant du public aux crèches et écoles maternelles,
- créé une information des acquéreurs ou des locataires (IAL) dans des zones à potentiel radon significatif (zone 3).
Le décret a été suivi par des arrêtés relatifs :
- à la cartographie des zones radon ;
- aux mesures de gestion à prendre en cas de dépassement du seuil de 300 Bq/m3 ;
- aux informations et recommandations à communiquer à la population.
→ Consulter l’article "La réglementation en vigueur et autres textes"
– Publication en février 2021 du 4ème Plan national d’action radon
Ce plan est issu d’une collaboration entre Autorité de Sûreté Nucléaire et des ministères chargés de la Construction, de l’Environnement, de la Santé et du Travail, en association avec des experts nationaux, des services déconcentrés et des associations. Ce plan fait partie des plans sectoriels adossés au 4ème Plan national santé environnement.
→ Pour plus d’information, consulter l’article le "Plan national radon".
– 7 novembre : Journée européenne du radon
A l’initiative de l’Association européenne du radon (ERA), cette journée a pour objectif de sensibiliser le public et les acteurs du bâtiment et de la santé aux risques liés à l’exposition au radon et à la manière de le réduire. Plusieurs évènements sont organisés le 7 novembre et dans les semaines qui suivent par des collectivités, associations, Agences régionales de santé (ARS) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Qu’est-ce que le radon ?
Le radon est un gaz radioactif naturel inodore, incolore et inerte, présent partout à la surface de la planète. Il est produit par la désintégration du radium issu lui-même de la famille de l’uranium, présent partout dans les sols et plus fortement dans les sous-sols granitiques et volcaniques. C’est pourquoi des niveaux élevés en radon sont mesurés dans certaines régions françaises (Bretagne, Limousin, Massif central, Vosges, Alpes, Pyrénées, Corse…). Secondairement, il peut aussi provenir de matériaux de construction et de l’eau.
Depuis le sous-sol, le radon peut pénétrer dans les bâtiments et s’y accumuler. Le niveau moyen de radon dans l’habitat français est inférieur à 100 Bq/m3. Néanmoins, il existe une grande variabilité de niveau de radon d’un habitat à l’autre, même s’ils sont situés à proximité, en fonction notamment des caractéristiques techniques du bâtiment.
La carte ci-dessous, présente les résultats des campagnes de mesure du radon dans les logements entre 1982 et 2000, réalisée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
La connaissance des caractéristiques des formations géologiques sur le territoire, et en particulier de leur concentration en uranium, rend ainsi possible l’établissement d’une cartographie des zones sur lesquelles la présence de radon à des concentrations élevées dans les bâtiments est la plus probable. Ce travail a été réalisé par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et a permis d’établir une cartographie du potentiel radon des formations géologiques du territoire métropolitain à l’échelle de la commune.
→ Pour en savoir plus, la cartographie est disponible sur le site de l’IRSN
Outre le radon d’origine environnementale, les activités industrielles liées à l’exploitation du radium dans la première moitié du XXème siècle ou à l’exploitation de l’uranium dans la seconde moitié du XXème siècle ont laissé des substances radioactives produisant un radon d’origine anthropique. Ce radon est le même que celui produit dans l’environnement et constitue le même risque à exposition équivalente. Cependant, il peut être présent en concentration bien plus importante du fait de la présence de ces substances radioactives dans les sols (site contaminé au radium, présence de stériles ou de résidus miniers,…).
Les effets du radon sur la santé humaine
Alors que les effets de nombreuses substances chimiques sur la santé humaine n’ont pas encore été évalués, les effets du radon sont eux connus. Le radon est un cancérogène pulmonaire certain pour l’homme (classé depuis 1987 par le centre international de recherche sur le cancer – CIRC, organisme de l’Organisation Mondiale de la Santé).
Les produits de désintégration du radon (descendants) sont également radioactifs et s’associent aux poussières véhiculées par l’air que nous respirons. Ils émettent alors des particules alpha dont l’énergie est absorbée par les surfaces qu’elles heurtent.
La peau est suffisamment épaisse pour ne pas être affectée, mais ce n’est pas le cas des tissus mous, des bronches et des poumons. Les produits de désintégration du radon s’accumulent dans le tissu pulmonaire et l’irradient. Des décennies peuvent s’écouler entre l’irradiation et l’apparition d’un cancer. Le risque du cancer du poumon augmente avec le nombre d’atomes de radon présents dans l’air d’un espace clos et avec la durée pendant laquelle on respire cet air.
Le nombre annuel de décès par cancer du poumon dû à l’exposition domestique au radon est estimé à environ 3 000 en France – chiffres issus d’une étude d’impact par l’IRSN (Ajrouche et al, Radiat. Environn. Biophys ; 2018). Cela correspond à environ 10% des cancers du poumon. Le risque pour la santé lié au radon est majoré en cas de tabagisme associé ».
Cela représente entre 5% et 12% des décès par cancer du poumon en France, le risque étant fortement aggravé pour les fumeurs. En effet, les fumeurs exposés au radon encourent un risque majoré car les substances cancérogènes contenues dans la fumée du tabac et les rayonnements alpha émis par le radon renforcent mutuellement leurs effets nocifs.
→ Pour en savoir plus sur les effets sanitaires, consulter le dossier "Radon et santé" de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS)
Recommandations pour la prévention de l’exposition au radon dans les bâtiments existants
La pénétration du radon dans les bâtiments résulte de paramètres environnementaux (concentration dans le sol, perméabilité et humidité du sol, présence de fissures ou de fractures dans la roche sous jacente) mais aussi des caractéristiques propres au bâtiment (procédé de construction, type de soubassement, système de ventilation, …) ainsi que les conditions climatiques et des habitudes de vie.
Il pénètre dans les bâtiments par :
– les fissures du sol,
– les joints de construction,
– les fissures des murs,
– les parois des étages,
– les équipements sanitaires,
– les approvisionnements d’eau,…
Plusieurs méthodes existent pour diminuer la concentration en radon dans un bâtiment. Au préalable, il est essentiel de connaitre les niveaux de radon pour adapter les mesures de remédiation.
– La mesure du radon
Faire une mesure du radon est le seul moyen de connaitre son exposition. Cette mesure est simple et peu coûteuse. Il est possible de réaliser la mesure soi-même ou de la faire réaliser par un bureau d’étude (opérateur agréé par l’Autorité de Sureté Nucléaire) qui pourra proposer d’autres prestations complémentaires (diagnostic, propositions d’actions correctrices). Elle s’effectue à l’aide d’un dispositif de mesure passive (dit dosimètre radon) disponible par Internet auprès de fournisseurs.
Il est recommandé de mesurer le radon pendant deux mois consécutifs entre octobre et mai, en saison froide (de chauffage accru), dans les pièces de vie. Il faut éviter les longues périodes d’inoccupation pour être représentatif de l’exposition. Le nombre de dosimètres à poser dépend de la taille de l’habitation ou du bâtiment et de ses particularités (cave, sous-sol, étage,…).
Un à deux dosimètres sont à prévoir par niveau. Il faut veiller à choisir un emplacement :
– où le dosimètre est posé en sécurité, à l’abri de chutes, des animaux, de la curiosité des enfants,… ;
– représentatif des conditions d’inhalation (sur un meuble entre 0m80 et 1m50 du sol,…) ;
– à l’abri du rayonnement solaire, d’une source de chaleur (radiateur, cheminée, appareil électrique, téléviseur,…) ;
– dans la mesure du possible, en dehors des cuisines, en raison des dépôts de graisse.
Le dosimètre doit rester bien ouvert (voir recommandations du fournisseur), et les conditions de pose doivent être vérifiées régulièrement.
Il est possible de se procurer la liste des fournisseurs de dosimètres auprès de votre Agence régionale de santé.
Plus la concentration en radon est basse, plus le risque est faible. La concentration du radon se mesure en Becquerels par mètre cube (Bq/m3). En 2009, l’Organisation mondiale de la santé a recommandé un niveau de référence de 100 Bq/m3, et dans tous les cas de rester en deçà de 300 Bq/m3 (niveau qu’il est recommandé de ne pas dépasser). Le niveau de référence est de 300Bq/m3.
– Gestion du radon dans les bâtiments existants
Le radon est un gaz radioactif omniprésent à des niveaux très variables à la surface de la terre. S’il se dilue rapidement dans l’atmosphère libre, il entre dans les bâtiments par les défauts d’étanchéité à l’interface avec le sol sous-jacent et peut se trouver en plus forte concentration à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur. Le risque associé à l’exposition au radon est un excès de risque de développement du cancer du poumon. Il constitue la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon après le tabac. Dans certaines communes, le Code de la santé publique (article L1333-22 et R.1333-28 à R.1333-36) impose une surveillance dans des Etablissements Recevant du Public. Il est alors demandé de réaliser des mesurages du radon (ou mesure de dépistage) et d’apporter des actions correctives sur le bâtiment en cas de résultats dépassant le seuil de référence de 300 Becquerels par mètre cube. Il existe plusieurs moyens de protéger un bâtiment pour diminuer l’exposition intérieure des occupants. Cependant, chaque bâtiment a ses propres caractéristiques et un environnement particulier. Il est alors nécessaire d’adapter les principes de protection à une situation spécifique pour être efficace.
Cette vidéo, réalisée à la demande du ministère chargé de la Santé, présente les principes de protection des bâtiments contre le radon provenant du sol, dans le but de réduire l’exposition des occupants, et comment un diagnostic technique du bâtiment permettra d’adapter des actions correctives efficaces à un bâtiment donné.
– Actions correctives dans les bâtiments existants ou mesures de prévention dans le neuf
Plusieurs méthodes existent pour diminuer la concentration en radon dans un bâtiment.
Elles visent à mettre en place « une barrière » contre le radon ou à évacuer l’air vicié en radon.
Elles consistent :
– à assurer l’étanchéité des sous-sols, des vides sanitaires, des murs, des planchers et des passages de canalisation ;
– ventiler le sol en dessous du bâtiment et les vides sanitaires ;
– aérer les pièces en mettant en place, le cas échéant, un système de ventilation mécanique double flux (entrée-sortie).
Un guide du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), qui sera mis à jour en 2022, développe en détail ces techniques.
Pour plus de renseignements sur les types de travaux il est possible de consulter les fiches thématiques suivantes :
– Rémédiation radon : Quels peuvent être les défauts d’étanchéité ?
– Rémédiation radon : Comment ventiler efficacement votre habitation ?
– Rémédiation radon : Comment bien ventiler votre système de chauffage ?
– A1 - étancher les surfaces en contact direct et indirect avec le terrain
– A2 - dévier le flux de radon par mise en dépression du sol sous le bâtiment
– B1 - ventilation manuelle par les fenêtres
– B2 - ventilation automatique par les fenêtres
– B3 - ventilation simple flux hygroréglable
– B4 - ventilation double flux centralisée
– B5 - ventilation double flux par local
– B6 - ventilation par insufflation
– Fiche 1 : Étanchements & ventilation mécanique par insufflation au sous-sol
– Fiche 2 : Étanchements ponctuels, drainage & mise en dépression du vide sanitaire
– Fiche 3 : Étanchements & ventilation du vide sanitaire (habitat collectif)
– Fiche 4 : Drainage, ventilation vide sanitaire & système de dépressurisation des sols
– Fiche 5 : Étanchements – ventilation puis mise en dépression du vide-sanitaire
– Fiche 6 : Étanchements & ventilation du bâtiment
– Fiche 7 : Système de Dépressurisation des Sols (S.D.S)
– Fiche 8 : Système de Dépressurisation des Sols (S.D.S)
– Fiche 9 : Ventilation vide sanitaire & cave en sous-sol
– Fiche 10 : Ventilation sous dallage & étanchements ponctuels
– Fiche 11 : Création d’une nouvelle dalle intégrant un système de dépressurisation du sol (SDS)
– Fiche 1 : Diminution du radon à très faible coût
– Fiche 2 : Diminution du radon drastiquement
– Fiche 3 : Diminution du radon à coût maîtrisé
– Fiche 4 : Diminution du radon par la cave
– Fiche 5 : Diminution du radon via travaux dans le garage
– Fiche 6 : Diminution du radon par étanchement et ventilation
– Fiche 7 : Diminution du radon via réfection du sol et de la ventilation
– Fiche 8 : Diminution du radon par étanchements divers
– Fiche 9 : Diminution du radon par action sur la ventilation
– Fiche 10 : Diminution du radon par la mise en dépression du sol
Plus d’informations sur les travaux et les techniques d’atténuation du radon sur les sites suivants :
– Retours d’expérience et formations sur le site radonbretagne.fr - (Approche Eco Habitat)
– "Comment connaître et réduire son exposition au radon" - (IRSN)
– "Grille d’audit simplifié relatif à la présence de radon dans les habitats domestiques et les établissements scolaires et les crèches" - (CEREMA)
– Guide « RADON : gérer le risque pour la construction et la rénovation de logements » (Qualitel)
– Guide « Radon : dépister et traiter ce polluant de l’air intérieur - (Fédération Française du Bâtiment)
– "Comment diminuer les concentrations en radon dans mon habitation ?" - (Plateforme JuradBat)
– "Présence de radon : quelles solutions ?" - (Plateforme Qualité de l’Air Franche Comté)
– "Prévention et remédiation du risque radon - Rendez-vous technique du 7 mai 2019 à Lamballe" - (Réseau Breton Bâtiment Durable)
– "Technique de remédiation dans les bâtiments existants" - (CSTB extranet)
– "Radon et santé" - (OMS)
– Sites des Agences Régionales de Santé de votre région si situées en zone radon.