Pesticides : l’évolution des politiques publiques pour protéger les populations

Les exigences européennes et nationales en matière d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) des pesticides ont été renforcées et les substances les plus dangereuses interdites. Plusieurs actions sont également mises en œuvre en France pour renforcer la protection des populations face aux pesticides.

Les pesticides sont utilisés depuis le milieu du XXe siècle. Des insecticides ou des fongicides, en particulier contre le doryphore (insecte coléoptère) et le mildiou de la pomme de terre (maladies liées à la diffusion de champignons), ont pu être employés, et ce dans le but d’augmenter la productivité des exploitations agricoles afin de satisfaire aux besoins alimentaires de la population.

La prise de conscience sur les effets des pesticides sur l’environnement a débuté à partir des années 1960, notamment avec la publication en 1962 du livre Silent Spring (Printemps silencieux) de l’écologiste étasunienne Rachel Carson qui eut un écho international. A la fin des années 1980, l’importante contamination des eaux naturelles, notamment par des herbicides comme l’atrazine, a également été mise en évidence grâce à l’amélioration des moyens d’analyse. Par la suite, des études toxicologiques et épidémiologiques ont montré que les pesticides pouvaient avoir des impacts sur la santé humaine, soit par des effets aigus (ou immédiats, principalement en raison d’une exposition courte à forte dose) soit par des effets chroniques (liés à une exposition faible et répétée sur le long terme).

Ceci a conduit à renforcer les exigences européennes et nationales en matière d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) des pesticides et à interdire les substances les plus dangereuses. Actuellement, plusieurs actions sont également mises en œuvre en France pour renforcer la protection des populations face aux pesticides.

 La prévention et la promotion de la santé constituent l’axe central de la Stratégie Nationale de Santé (SNS) 2018-2022. La promotion d’une alimentation saine et d’un environnement favorable à la santé figure parmi ses principaux objectifs et, en particulier, la prévention de l’exposition aux pesticides. Un Plan national de Santé Publique (PNSP), lancé le 26 mars 2018, précise les objectifs et les actions opérationnelles de la SNS.

 Le Plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides, lancé en avril 2018, s’est fixé 3 objectifs. Il doit permettre de diminuer rapidement l’utilisation des substances les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement, de mieux connaître les impacts pour mieux informer et protéger la population et les professionnels, et préserver l’environnement, et d’amplifier la recherche-développement d’alternatives ainsi que la mise en œuvre de ces solutions pour les agriculteurs. Les actions de ce plan ont été intégrées dans le cadre du Plan Ecophyto II+ publié le 10 avril 2019, et co-piloté par les ministères en charge de l’environnement, de l’agriculture, de la santé et de la recherche.

A savoir ! Le plan Ecophyto

A la suite du Grenelle de l’environnement de 2007, l’Etat a mis en place dès 2008 le plan Ecophyto 2018 dont l’objectif était de réduire de 50% l’usage des pesticides sur l’ensemble du territoire national à l’horizon 2018.

Après avoir constaté que cet objectif n’allait pas être atteint, le plan Ecophyto II a été lancé en 2015 et a été renforcé en 2019 avec le plan Ecophyto II+. Son objectif est de réduire de 50% l’utilisation des produits phytopharmaceutiques d’ici 2025. L’Etat a également engagé en 2019 le Plan national de sortie du glyphosate qui prévoit le retrait complet de cette substance après cinq ans.