Sources d’exposition aux pesticides

La population est exposée aux pesticides en raison de la contamination de son alimentation et de son environnement. En ce qui concerne les travailleurs produisant ou utilisant des pesticides, ils sont susceptibles d’être exposés de façon plus importante dans le cadre de leurs activités professionnelles.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’alimentation est la principale source d’exposition aux pesticides. La contribution moyenne de l’eau de consommation à l’exposition alimentaire totale par les pesticides est toutefois inférieure à 5%. La population peut également être exposée aux pesticides à cause de la contamination de l’air extérieur et intérieur, ou par celles des sols et des poussières. Cette contamination environnementale peut être due à l’utilisation de pesticides à la maison, dans le jardin ou sur les animaux domestiques, ou être le résultat des usages agricoles (épandages de produits phytopharmaceutiques). La part de ces différentes sources dans l’exposition de la population générale aux pesticides demeure néanmoins encore difficile à déterminer aujourd’hui.

Dans les aliments

Des limites de résidus à ne pas dépasser sont définies afin de garantir le niveau d’exposition le plus faible possible pour les consommateurs. Des contrôles sont menés par l’Etat, notamment par la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) et parla Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) afin de connaitre les niveaux de contamination des aliments. De plus, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) réalise des études de l’alimentation totale. Elles consistent à prélever sur différents points de vente les aliments régulièrement consommés par la population, à les préparer tels qu’ils sont consommés, puis à les analyser pour rechercher des substances toxiques (résidus de produits phytopharmaceutiques, contaminants de l’environnement notamment) et des nutriments.

Dans l’eau potable

Il est possible de connaitre la contamination par les pesticides dans chaque commune en consultant les données sur la qualité de l’eau du robinet disponibles :

  • sur le site internet du Ministère de la santé (www.eaupotable.sante.gouv.fr) où les résultats du contrôle sanitaire de l’eau du robinet mis en œuvre par les Agences régionales de santé (ARS) sont accessibles commune par commune et sont régulièrement actualisés ;
  • en mairie, où sont affichés les derniers résultats d’analyse transmis par l’ARS ;
  • auprès du responsable de la distribution d’eau ;
  • avec la facture d’eau, à laquelle est jointe annuellement une note de synthèse élaborée par l’ARS sur la qualité de l’eau, pour les abonnés au service des eaux.

Lorsque la distribution de l’eau présente un risque pour la santé, le responsable de la distribution d’eau, en liaison avec le maire et l’ARS, informe les consommateurs.

Dans l’air

Il n’existe pas à ce jour de données de contamination de l’air extérieur (aussi appelé air ambiant) par les pesticides disponibles à l’échelle d’une commune ou d’un quartier. Toutefois, dans plusieurs régions, des campagnes de mesures sont réalisées par des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Les résultats des mesures sont disponibles auprès de ces associations. Atmo France a mis en ligne en décembre 2019 sur son site Internet les mesures de pesticides dans l’air réalisées par les AASQA entre 2002 et 2017.

Des mesures sont également entreprises dans certaines régions dans le cadre des Plans Régionaux Santé Environnement (PRSE), qui sont au niveau régional la déclinaison du Plan National Santé Environnement 2015-2019 / PNSE 3).

En outre, l’Anses a publié en octobre 2017 des travaux sur les modalités de mise en œuvre d’une surveillance nationale des pesticides dans l’air ambiant. Sur la base du rapport de l’agence, une campagne exploratoire a été lancée en juin 2018 et le retour d’expérience sur cette campagne devrait permettre de définir, à terme, une stratégie pour une surveillance nationale des pesticides dans l’air.

Outre l’air extérieur, l’air intérieur, qu’il s’agisse d’une habitation, d’un établissement recevant du public, etc., peut également être contaminé par des pesticides comme l’ont mis en évidence des mesures, notamment certaines campagnes nationales de mesures de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). C’est le cas, par exemple, de la Campagne nationale dans les écoles au cours de laquelle des pesticides, provenant de sources présentes à l’intérieur (anti-poux, etc.) ou à l’extérieur, ont été mesurés dans les salles de classe.

A savoir !

Usages des pesticides au domicile : enseignements et recommandations de l’étude Pesti’home :

Cette étude a été mise en place par l’Anses afin de mieux connaître les pratiques et les usages que les Français font des pesticides dans leurs habitations, leurs jardins ainsi que pour traiter leurs animaux domestiques. L’étude a été réalisée en 2014 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1500 ménages répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain. Un des principaux enseignements de Pesti’home est que 75 % des ménages ont utilisé, au moins une fois dans l’année, un pesticide (insecticides, médicaments vétérinaires pour lutter contre les parasites des animaux de compagnie, herbicides et produits contre les maladies des plantes d’extérieur, répulsifs contre les moustiques, etc.). Les résultats de Pesti’home conduisent aux recommandations suivantes :
 mieux informer le grand public sur les conditions d’utilisation des pesticides à domicile, tous produits et usages confondus, car Pesti’home a mis en évidence que les précautions d’emploi ne sont pas assez connues et donc peu suivies ;
 mieux informer le grand public sur la nécessité de déposer les produits usagés, anciens ou interdits, à la déchetterie ou à l’endroit prévu par la mairie ou la communauté de communes ou d’agglomération. En effet, Pesti’home montre aussi que les utilisateurs ne savent pas suffisamment comment se débarrasser des produits et ont tendance à les jeter à la poubelle ou à les vider dans l’évier, ce qui n’est pas recommandé.

Au-delà de ces dispositifs et de ces actions, il est possible d’estimer l’imprégnation de la population par les pesticides à travers des études dites de "biosurveillance".

A savoir !

La biosurveillance consiste à détecter et à mesurer la présence dans l’organisme humain de substances chimiques issues de l’environnement. Les dosages peuvent être réalisés dans l’urine, le sang ou les cheveux. Cette surveillance permet d’intégrer toutes les sources d’exposition, quelles que soient les voies d’entrée dans le corps humain (ingestion, inhalation ou voie cutanée) et les lieux d’exposition (domicile, lieu de travail, espace public). Elle permet ainsi d’évaluer l’exposition globale aux polluants de l’environnement. Un questionnaire, portant entre autres sur les modes de vie et alimentation peut compléter ce travail, et permettre d’identifier les principales sources d’exposition.
Les études de biosurveillance sont donc importantes pour comprendre quels peuvent être les sources et les modes d’exposition, et pour décrire les groupes de population les plus concernés. Comprendre les facteurs pouvant influencer l’imprégnation permet d’adapter les mesures de réduction d’exposition et d’éviter des effets sur la santé. L’imprégnation marque en effet l’exposition au polluant bien en amont d’un effet sur la santé. Toutefois, il ne s’agit pas d’un dépistage, qui vise à identifier une maladie ou un facteur de risque asymptomatique dans le but d’une prise en charge individuelle.

En France, les niveaux d’imprégnation de la population générale par les pesticides sont encore mal connus. Depuis dix ans, l’Agence nationale de santé publique, Santé publique France (ANSP), réalise des études de biosurveillance visant à estimer l’imprégnation de la population française par les polluants de l’environnement, dont certains pesticides :

 En 2013, les résultats de l’étude nationale nutrition-santé (ENNS) ont été publiés. Cette étude a fourni une première estimation de l’imprégnation par certains pesticides chez 400 adultes âgés de 18 à 74 ans, sur la base de données récoltées en 2006-2007.
 En 2016, les premiers résultats issus de la cohorte Elfe (Étude longitudinale depuis l’enfance) ont été publiés. Ils ont donné une première photographie nationale de l’imprégnation en 2011 des femmes enceintes françaises par les pesticides. Dans cette étude, plus de 1 000 femmes enceintes ont fait l’objet d’un dosage de pesticides dans des prélèvements d’urine.
 L’étude Esteban (Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) qui a débuté en 2014, va permettre de fournir une représentation nationale plus complète de l’imprégnation de la population générale française par les pesticides, et pour la première fois chez des enfants âgés de 6 ans à 17 ans. Les premiers résultats sur les pesticides seront disponibles début 2020.

Les résultats de ces études montrent que la population française est (ou a été) exposée aux pesticides à usage domestique ou agricole (herbicides, insecticides et antiparasitaires). Ils sont en effet retrouvés chez la quasi-totalité des personnes étudiées.