Maladies cardiovasculaires

Maladies cardio-neurovasculaires

Les maladies cardiovasculaires ou cardio-neurovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde, la deuxième en France après les cancers. Malgré quatre décennies de baisse de mortalité et morbidité grâce à la prévention et aux progrès thérapeutiques, les maladies cardio-neurovasculaires restent à l’origine d’environ 140 000 morts par an ; elles sont aussi l’une des principales causes de morbidité et de consommation de soins avec plus de 15 millions de personnes traitées pour maladie, risque cardiovasculaire ou diabète. Les leviers de prévention sont multiples sur ce risque multifactoriel. La stratégie nationale de santé donne le cadre stratégique de prévention des maladies cardio-neurovasculaires.

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Que sont les maladies cardio-neurovasculaires ?

Les maladies cardio-neurovasculaires sont un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins, qui comprend principalement :

 Les cardiopathies coronariennes, touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le muscle cardiaque ;
 les maladies cérébro-vasculaires, touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau ;
 les artériopathies périphériques, touchant principalement les vaisseaux sanguins qui alimentent les jambes ;
 les cardiopathies rhumatismales, affectant le muscle et les valves cardiaques, séquelle d’un rhumatisme articulaire aigu causé par l’infection bactérienne à streptocoque ;
 les cardiopathies congénitales, notamment malformations de la structure du cœur déjà présentes à la naissance ;
 les thromboses veineuses profondes et les embolies pulmonaires, obstruction des veines, notamment des jambes, par un caillot sanguin, susceptible de se libérer et migrer vers le cœur et les poumons.

Ces maladies exposent à de nombreuses complications aiguës ou chroniques : infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, atteinte des extrémités des membres inférieurs, insuffisance rénale chronique, maladies d’Alzheimer ou apparentées, troubles de la vue.

Le principal mécanisme d’altération des vaisseaux sanguins est celui de l’athérosclérose, sous l’effet de différents facteurs de risque.

Les maladies cardio-neurovasculaires en chiffres

Les maladies cardio-neurovasculaires et leurs complications sont la première cause de décès dans le monde. En France, elles sont la deuxième cause de décès après les cancers, avec plus de 140 000 morts chaque année, mais elles sont la première cause de décès chez les femmes tous âges confondus et chez les personnes très âgées. Elles sont aussi une cause importante de maladie et de décès précoces. Jusqu’à 50 000 personnes font un arrêt cardiaque soudain chaque année, dont environ 5% survivent.

En 2018, 4,1 millions d’assurés du régime général [1] étaient traités pour une maladie cardio-neurovasculaire, dont plus de 360 000 pour maladie aigüe. De plus 7.2 millions d’assurés du régime général étaient sous traitement pour risque cardiovasculaire, anti-hypertenseur ou hypocholestérolémiant. Et ils étaient 3.3 millions d’assurés traités pour diabète, autre facteur de risque cardio-neurovasculaire. Au total, plus de 15 millions de personnes sont prises en charge en France pour maladie cardio-neurovasculaire, risque cardio-vasculaire ou diabète [2].

Des résultats inégaux en prévention du risque cardio-neurovasculaire

Le taux de mortalité cardio-neuro-vasculaire standardisé sur l’âge a été divisé par trois depuis 1980 [3] grâce aux avancées de la prévention, des progrès thérapeutiques et de l’organisation des soins.

Mais le nombre de personnes atteintes de maladie cardiovasculaire augmente avec le vieillissement de la population, et de fortes inégalités sociales et territoriales persistent [4]. La mortalité est plus élevée en Outre-mer ou dans les Hauts de France, ainsi que dans les populations aux conditions socio-économiques défavorables.

Le taux de mortalité cardiovasculaire avant 65 ans est trois fois plus élevé chez les hommes par rapport aux femmes [5]. Les taux standardisés d’hospitalisation sont en hausse chez les personnes de moins de 65 ans pour l’infarctus du myocarde [6] - en particulier les femmes de 40 à 65 ans - et pour l’accident vasculaire cérébral.

Le risque cardiovasculaire des femmes : un sujet de vigilance

A âge égal, les taux de mortalité et d’hospitalisation pour maladie cardiovasculaire des femmes sont plus faibles que ceux des hommes, mais l’écart se réduit avant 65 ans [7] . Chez les femmes de moins de 65 ans, les taux d’hospitalisation pour infarctus du myocarde ont augmenté de 25,2% sur la période 2002-2013 [8].

L’exposition aux facteurs de risque est mise en cause dans cette évolution défavorable : le tabagisme, en augmentation chez les femmes dans les tranches d’âge 45 à 64 ans, l’association tabac et contraception oestroprogestative, une activité physique en baisse et une sédentarité élevée, la consommation d’alcool, l’augmentation de la prévalence de l’obésité et du diabète de type 2.

Des différences ont été observées entre hommes et femmes dans le repérage du risque cardio-neurovasculaire, l’accès aux soins, les caractéristiques de la maladie et des traitements. Les acteurs se mobilisent pour agir sur le risque cardiovasculaire chez les femmes. Pour en savoir plus "les femmes au cœur du risque cardiovasculaire" : un colloque au ministère de la santé le 10 mars 2016.

Prévenir les maladies cardio-neurovasculaires : agir sur un risque multifactoriel

De nombreux facteurs contribuent au risque de maladie cardio-neurovasculaire ( figure 1).

Figure 1 : les déterminants du risque cardio-neurovasculaire
Figure 1 : les déterminants du risque cardio-neurovasculaire
Adapté de : OMS. Hearts - Technical package for cardiovascular disease management in primary health care, Genève 2016, p11 - Rapport ANSES "Actualisation des repères du PNNS - Révisions des repères relatifs à l’activité physique et à la sédentarité", 2016, figure 21 p 196, adaptée de Kokubo 2012.

 Les facteurs socio-environnementaux qui entourent l’individu : tels que les ressources économiques, le cadre éducatif, le cadre de vie, de travail, la pollution atmosphérique ou sonore, la réglementation de la publicité, des lieux de vente de tabac, de l’agro-alimentaire…
 Les facteurs de risque métaboliques, comme l’hypertension, l’obésité, le diabète de type 2, l’hypercholestérolémie.
 Les facteurs de risque comportementaux comme le tabagisme, l’activité physique insuffisante et la sédentarité, une alimentation déséquilibrée, la consommation excessive d’alcool , le stress, certains troubles du sommeil.

Et d’autres facteurs personnels contribuent au risque :
 L’avancée en âge, surtout après 35 ans.
 Des risques familiaux : hypercholestérolémie familiale, mort subite précoce.
 Etre déjà atteint d’une maladie cardio- ou neurovasculaire, une arythmie cardiaque, une maladie rénale.
 Certains états, maladies et traitements chroniques : contraception oestroprogestative associée au tabagisme, ménopause, dépression, schizophrénie, psychotropes, diabète type 1, maladies rhumatismales, traitements anti-inflammatoires, chimio-ou radiothérapie anticancéreuse.
 Sexe masculin.

Les facteurs de risque sont liés entre eux, leur cumul potentialise le risque. D’après l’OMS, la plupart des maladies cardio-neurovasculaires sont liées au mode de vie.

La politique de prévention des maladies cardio-neurovasculaires dans la stratégie nationale de santé

La stratégie nationale de santé (SNS) 2018-2022 et le Plan national de santé publique « Priorité prévention » affirment la priorité à la prévention et à la lutte contre les inégalités de santé. Ils donnent le cadre de la prévention des maladies cardio-neurovasculaires, en trois dimensions :

Promotion de la santé en population générale : faciliter des habitudes de vie saines dans tous les milieux et tout au long de la vie

Figure 2 : les leviers de la promotion de la santé
Figure 2 : les leviers de la promotion de la santé

Le plan Priorité prévention agit sur les déterminants (figure 2) socio-environnementaux. Il promeut l’information et l’éducation des citoyens, un environnement facilitant pour des habitudes de vie favorables à la santé cardiovasculaire : garder une alimentation équilibrée, ne pas fumer et éviter le tabagisme passif, faciliter une activité physique quotidienne et limiter les comportement sédentaires.

Plusieurs déterminants ont fait l’objet de plans ou programmes dédiés :
 Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022
 Programme national nutrition santé 2019-2023
 Stratégie nationale sport santé (SNSS) 2019-2024
 Plan national santé environnement (PNSE3) 2015-2019

Plus de 40 mesures du plan Priorité prévention agissent en promotion de la santé sur ces déterminants, telles que :

 Soutenir le parcours éducatif en santé des enfants dans ses volets alimentation (portail dédié et vade-mecum pour les enseignants), activité physique et sportive pendant et en dehors des temps scolaires. En 2019, Santé publique France a sélectionné par appel à projets une structure comme centre national d’appui au déploiement en activité physique et lutte contre la sédentarité ; ce centre national a pour mission d’accompagner la mise en œuvre des projets de type ICAPS « Intervention auprès des collégiens centrée sur l’activité physique et la sédentarité » par les acteurs des territoires.

 Promouvoir et développer les espaces sans tabac, augmenter le prix moyen des produits du tabac pour limiter l’accès, rendre plus accessible l’arrêt du tabac en améliorant le remboursement des traitements de substitution nicotinique, et mobiliser les fumeurs et leur entourage autour d’un dispositif de marketing social, l’opération Mois Sans Tabac.

 Promouvoir l’étiquetage nutritionnel des aliments par le déploiement progressif de l’affichage du Nutri-Score, pour faciliter le choix des consommateurs.

 Réduire la consommation de sel de 30% à l’horizon 2025. Le pain étant l’un des aliments les plus contributeurs aux apports en sel, des réflexions ont été engagées avec les professionnels de la boulangerie, afin d’aboutir à la signature d’un accord collectif.

 Promouvoir l’activité physique en milieu professionnel par le développement des entreprises actives PNNS.

 Créer une application « avancer en âge en bonne santé » d’auto-évaluation des besoins, de conseils opérationnels et d’orientation personnalisées pour une prévention renforcée chez les adultes de 40 – 55 ans, dans le cadre de la stratégie de prévention de la perte d’autonomie.

 En se fondant sur la Stratégie nationale sport santé 2019-2024, la stratégie « Trajectoire outre-mer 5.0 » avec la feuille de route de la France pour l’Agenda 2030 et le Programme national nutrition santé 2019-2023, le ministère chargé des Sports, avec le ministère des Outre-mer et le ministère chargé de la santé, ont lancé un appel à projet « Sport-Santé – Alimentation » dédié aux territoires ultra-marins et à la Corse.

Pour limiter les risques de la consommation d’alcool au cours de la vie, les repères de consommation à moindre risque du PNNS sont diffusés par Santé publique France et l’Institut national du cancer : ne pas consommer plus de 10 verres-standard par semaine, ne pas consommer plus de 2 verres-standard par jour, avoir des jours dans la semaine sans consommation.

Repérage et réduction du risque cardiovasculaire dans les soins de premier recours

Figure 3 : les leviers de la réduction du risque des personnes à risque
Figure 3 : les leviers de la réduction du risque des personnes à risque

Cette prévention menée dans le parcours de soins agit sur le risque individuel (figure 3). Elle comprend :

 Repérer les facteurs de risque pour évaluer le risque de maladie cardio-neuro-vasculaire.
 Définir une stratégie de prise en charge non-médicamenteuse associée ou non à un traitement médicamenteux, centrée sur le patient, en se basant sur une décision médicale partagée.
 Organiser les ressources pour accompagner la personne si nécessaire. Il s’agit d’éducation thérapeutique du patient, d’interventions spécifiques telles que l’aide au sevrage tabagique, l’accès à une activité physique adaptée, l’apprentissage de l’auto-mesure de la pression artérielle pour les personnes hypertendues.
 Assurer le suivi médical pour évaluer l’adhésion aux mesures non médicamenteuses, médicamenteuses, surveiller les effets indésirables, réévaluer les stratégies de prise en charge en fonction de la volonté du patient, l’évolution du niveau de risque, de l’état de santé.

Cette prévention s’inscrit dans deux objectifs de la stratégie nationale de santé et du plan Priorité prévention : développer une politique de repérage et prise en charge précoce des maladies chroniques (prévention primaire et secondaire), et innover pour transformer notre système de santé en réaffirmant la place des usagers.

Les actions suivantes sont mises en œuvre dans le cadre du plan Priorité prévention

 Des outils de bonne pratique pour améliorer le repérage et la prise en charge des personnes à risque de maladie cardio-vasculaire, en médecine de premier recours : risque cardiovasculaire global, diabète de type 2 (Haute autorité de santé - HAS).

 L’accès renforcé à l’information et l’implication du patient dans les décisions de prévention cardio-vasculaire : le service public d’information en santé (SPIS) suscite des outils d’aide à la décision partagée pour le site santé.fr.

 La promotion de l’activité physique adaptée pour les personnes atteintes d’affections de longue durée (ALD). La reconnaissance des structures comme « maisons sport santé » sur les territoires est une mesure « phare » de la Stratégie nationale sport santé (SNSS) 2019-2024. L’objectif est d’au moins 500 maisons sport santé à l’horizon 2022, avec priorité aux quartiers prioritaires de la politique de la ville et aux zones de revitalisation rurale. En 2019 et 2020 deux appels à projets ont permis la reconnaissance de 288 « maisons sport santé ». Un 3ème appel à projets est prévu en 2021.

 Des organisations de santé pluri-professionnelles innovantes, renforçant l’accompagnement de la personne (infirmières ASALEE, expérimentations d’organisations innovantes en santé au titre de l’article 51 de la LFSS 2018).

 Des organisations innovantes article 51 sur l’activité physique adaptée APA ; le projet « As du Cœur » est la première expérimentation d’activité physique adaptée (APA) pour les patients cardio-vasculaires autorisée [9] pour une durée de trois ans.

 Des aides à l’arrêt du tabagisme des fumeurs : développer le remboursement des traitements de substitution nicotiniques, élargir l’offre d’arrêt du tabac par différents professionnels de santé. Infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, et médecins du travail peuvent prescrire des traitements de substitution nicotinique et accompagner l’arrêt, comme les médecins.

 L’expérimentation d’un programme de prévention du diabète de type 2 chez les personnes à risque avec le programme « Dites non au diabète » dans 3 départements (Assurance maladie).

 L’expérimentation d’un parcours soumis à prescription médicale visant à accompagner les personnes pour lesquelles une complication du diabète de type 2 est découverte ; le parcours peut comprendre un bilan d’activité physique ainsi qu’un bilan et des consultations de suivi nutritionnels et psychologiques. (article 71 de la LFSS 2021).

 La réduction du risque iatrogénique et de la surmédicalisation : Diffusion d’outils d’information et de dialogue entre médecins et patients pour promouvoir la déprescription chez les personnes âgées (stratégie Vieillir en bonne santé 2020 2022).

Recours aux soins d’urgence des accidents cardio-neurovasculaires aigus

Les maladies cardio-neuro-vasculaires s’accompagnent de complications graves avec urgence vitale. La survie immédiate et la limitation des séquelles dépendent de la rapidité de prise en charge :
 des gestes qui sauvent par le témoin d’un arrêt cardiaque soudain,
 réagir aux symptômes de l’accident vasculaire cérébral ou du syndrome coronarien aigu,
 accéder aux traitements d’urgence et aux filières de soins spécialisés.

Les mesures du plan Priorité prévention

 Former 80% de la population aux gestes qui sauvent. La loi n° 2020-840 du 3 juillet 2020 a créé le statut de « citoyen sauveteur », et promeut la sensibilisation aux gestes qui sauvent.
 Mettre en œuvre la Loi n° 2018-527 du 28 juin 2018 relative au défibrillateur cardiaque :
>> obligation des établissements recevant du public à s’équiper d’un défibrillateur,
>> constitution d’un fichier national des défibrillateurs mis à disposition du public
 Développer des outils de sensibilisation à la reconnaissance des symptômes des accidents aigus cardio-neurovasculaires et le recours au 15, ciblant les femmes et les populations vulnérables.

Pour tout renseignement complémentaire consulter l’article "les défibrillateurs automatisés externes - DAE (Ministère chargé de la Santé)

Documents et liens utiles

> Maladies cardiovasculaires et accident vasculaire cérébral (Santé publique France)
> Guide pratique pour la « promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique (AP) et sportive pour la santé chez les adultes », (HAS)
> Pour les personnes qui souhaitent arrêter de fumer : tabac info service

Associations :

> Association de patients : Alliance du cœur
> Fédération Française de Cardiologie

Pour les professionnels :

> Lignes directrices européennes sur la prévention des maladies cardiovasculaires en pratique clinique (2016, en anglais)


[1CNAM – Rapport « Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses Propositions de l’Assurance Maladie pour 2021

[2CNAM -Rapport et propositions charges et produits de l’assurance maladie pour 2022

[4Gabet A, Lamarche-Vadel A, Chin F, Olié V. Disparités régionales de la mortalité prématurée par maladie cardiovasculaire en France (2008-2010) et évolutions depuis 2000-2002. Bull Epidémiol Hebd. 2014(26):430-8.

[5DREES l’etat-de-sante-de-la-population-en-france-edition-2017

[6Gabet A, Danchin N, Olié V. Infarctus du myocarde chez la femme : évolutions des taux d’hospitalisation et de mortalité, France, 2002-2013. Bull Epidémiol Hebd. 2016 ;(7-8):100-8

[7DREES l’etat-de-sante-de-la-population-en-france-edition-2017

[8Gabet A, Danchin N, Olié V. Infarctus du myocarde chez la femme : évolutions des taux d’hospitalisation et de mortalité, France, 2002-2013. Bull Epidémiol Hebd. 2016 ;(7-8):100-8

[9arrêté paru au JO du 31 mai 2020.