Les enquêtes de prévalence
Elles permettent d’avoir une description globale des infections nosocomiales. Elles sont faciles à mettre en oeuvre mais les taux d’infections calculés ne sont interprétables que sur des grandes populations (régionales, nationales).
Quatre enquêtes de prévalence inter-régionales et trois enquêtes de prévalence nationales ont été réalisées depuis 1990. En 1996, l’enquête nationale de prévalence a été réalisée dans 830 hôpitaux représentant 77% des lits d’hospitalisation publics. Ses résultats ont fait l’objet d’un rapport et d’un article du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH N° 36/97) en 1997. Les enquêtes de prévalence, réalisées un jour donné, montrent que 6% à 10% des patients présents ce jour là ont une infection nosocomiale. Parmi ces infections, les infections urinaires sont les plus fréquentes, suivies par les infections respiratoires et les infections du site opératoire (voir figure ci-dessous). Les services les plus touchés sont par ordre décroissant : la réanimation avec des taux de prévalence moyens de l’ordre de 30%, la chirurgie avec des taux de 7% à 9%, et la médecine avec des taux de prévalence de 5% à 7%. Les services à moindre risque sont les services de pédiatrie et de psychiatrie. Les infections sont aussi fréquentes dans les services de moyen et long séjour qu’en court séjour.
Les enquêtes d’incidence
Elle consistent à étudier prospectivement tous les nouveaux cas d’infection et permettent une mesure précise du risque d’acquisition d’infection d’un patient admis à l’hôpital. Elles permettent aussi de prendre en compte, dans la survenue de l’infection, les facteurs propres au patient ou aux soins qu’il reçoit.
Les enquêtes d’incidence en continu sont organisées par les Centres inter-régionaux de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CCLIN). En 1997, 250 services de soins et près de 200 laboratoires hospitaliers ont participé à l’un ou l’autre de ces réseaux. Des résultats publiés existent pour les services de réanimation et pour les infections du site opératoire en chirurgie. Par ailleurs les services hospitaliers français participent fréquemment aux enquêtes internationales sur les infections nosocomiales ou les résistance aux antibiotiques (EURONIS, EPIIC…).
En réanimation :
21% des patients admis en réanimation développent une infection. Les infections les plus fréquentes sont les infections urinaires et pulmonaires (données CCLIN Sud-Est). _ Ces résultats feront prochainement l’objet d’une publication dans le BEH.
En chirurgie : (infections du site opératoire)
En chirurgie, environ 3% des interventions se compliquent d’une infection du site opératoire. Ce taux moyen recouvre une très grande hétérogénéité : les taux d’infections du site opératoire varient de 1% pour le groupe d’interventions à faible risque d’infection chez les patients avec peu d’antécédents médicaux, à 20%-25% en moyenne pour le groupe d’interventions à risque élevé d’infection, chez les patients les plus fragiles. Les résultats de la surveillance des infections du site opératoire ont été diffusés dans le BEH.
Si les patients les plus fragiles ont fréquemment une infection, les patients bien portants n’ont qu’un risque faible d’acquérir une infection lors de leur séjour (de 1% à 3%). Il s’agit le plus souvent d’infections bénignes (abcès de paroi par exemple), plus rarement d’infections graves.