Leptospirose

La leptospirose est une zoonose très répandue dans le monde, particulièrement en milieu tropical et dont l’incidence en France a augmenté ces dernières années. C’est à la fois une maladie professionnelle touchant les vétérinaires, les éleveurs, le personnel des abattoirs et les égoutiers, et une zoonose de loisir contractée lors d’activités de baignade ou de pêche en eau douce.



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Agent

Les leptospires sont des bactéries se développant préférentiellement dans les milieux chauds et humides (eaux douces, sols boueux) où elles peuvent survivre durant plusieurs mois. Il existe de plusieurs sérogroupes différents dont le plus courant en France est Leptospira icterohaemorrhagiae

Réservoir

Ses principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans les urines, et souillent ainsi leur milieu et occasionnellement les chiens, les animaux d’élevage (porcs). L’homme est un hôte accidentel. Les leptospires se maintiennent assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination.

Mode de contamination

Chez l’homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses. La transmission peut être directe par simple contact avec des animaux infectés ou par morsure (notamment morsure de rat), mais dans la plupart des cas, la transmission est indirecte au cours d’activités de baignade en eau douce, de pêche, ou de canotage, pratique du kayak, rafting ou canyoning. Les leptospires, présentes dans l’eau à la suite de déjections d’animaux contaminés, pénètrent dans l’organisme par des plaies, des érosions cutanées ou muqueuses, par la conjonctive, par inhalation de gouttelettes.

Épidémiologie

Une hausse du nombre de cas de leptospirose a été récemment observée en France métropolitaine, passant de 300 cas par an, à environ 600 cas depuis 2014, soit une incidence d’environ 1 cas pour 100 000 habitants par an. Le pic annuel d’incidence est observé à la fin de l’été. Il existe une importante disparité régionale, avec une incidence plus forte dans le sud et en Franche-Comté.

Dans les départements d’Outre-Mer, les taux d’incidence sont 10 à 80 fois plus élevés qu’en Métropole.

Les raisons de cette émergence ne sont pas clairement identifiées et sont probablement multiples (réchauffement climatique, notamment hivers plus doux, augmentation des populations de rongeurs, augmentation des activités à risque, etc.)

Ces chiffres du Centre National de Référence des leptospires, résultent d’un système basé sur la déclaration passive. Ce n’est pas une maladie à déclaration obligatoire.

Clinique

Le diagnostic est difficile en raison de la grande variété des signes que l’on peut observer, et d’autant plus si la notion d’exposition au risque n’est pas évoquée.

Après une incubation de 6 à 14 jours, le tableau clinique, très polymorphe, évoque une septicémie [1] et peut associer : de la fièvre, des frissons, une tachycardie, une splénomégalie [2], des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, des maux de tête, une éruption cutanée, un syndrome méningé…

En fonction de la dissémination des leptospires dans les différents organes, l’évolution peut être marquée quelques jours plus tard par une atteinte hépatique avec ictère [3], une insuffisance rénale, des signes neurologiques, des manifestations hémorragiques, une atteinte pulmonaire ou cardiaque, une atteinte oculaire. La forme clinique la plus classiquement rencontrée est la forme ictérohémorragique avec atteinte hépatorénale potentiellement létale.

En l’absence de pathologie sous-jacente et si le traitement est débuté précocement, l’évolution est le plus souvent favorable et sans séquelles. La maladie chez l’homme peut cependant être sévère en l’absence de traitement.

Diagnostic

Le diagnostic doit se faire le plus rapidement possible. Il doit être évoqué devant un tableau évocateur et en cas baignade récente dans les eaux douces. La confirmation biologique est difficile à obtenir, et fait appel successivement à des prélèvements bactériologiques et sérologiques [4]. La mise en évidence des leptospires dans le sang, dans les urines et dans le liquide céphalorachidien peut être impossible à certaines périodes de la maladie. La sérologie n’a d’intérêt qu’au bout de 10 jours au moins.

Traitement

Il repose sur une prise en charge hospitalière, une antibiothérapie par voie injectable au début, et un traitement symptomatique spécifique de chaque complication. Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est pris précocement.

Prévention

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande une information spécifique dans le cadre des activités exposant à la contamination et l’utilisation de mesures de protection individuelle (port de gants, bottes cuissardes, vêtements protecteurs…). Il convient d’éviter de se baigner en eau douce lorsqu’on est porteur de plaies. De plus, il faut signaler à son médecin la notion de baignade dans les deux semaines précédentes en cas de fièvre.

La vaccination (3 injections puis rappel tous les deux ans) n’est recommandée que dans certaines indications restreintes, posées au cas par cas, notamment dans le cadre de la médecine du travail et en prenant en compte les risques environnementaux et individuels. Ce vaccin ne protège que contre la Leptospira interrogans, soit environ 30% des cas, et a de fréquents effets secondaires. Le HCSP rappelle qu’avant toute vaccination le médecin doit s’assurer que « l’information sur la maladie, les comportements à risque, mais aussi sur l’efficacité relative du vaccin a bien été donnée et comprise (en aucun cas le vaccin ne doit être pris comme une "garantie" permettant de se passer des autres moyens de prévention) ».

Pour en savoir plus, consulter également ces sites :
 Santé publique France- Dossier leptospirose
 Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
 Institut Pasteur (Centre national de référence de la leptospirose)
 Eaux de baignade - les leptospiroses

Documents de référence

pdf Avis du CSHPF du 30 septembre 2005 relatif aux recommandations pour la (...) Téléchargement du pdf (148.5 kio)
pdf Avis relatif aux recommandations pour la prévention de la leptospirose en (...) Téléchargement du pdf (176.6 kio)
pdf Nouvelles recommandations relatives à la prévention du risque chez les (...) Téléchargement du pdf (768.6 kio)
pdf Avis relatif au diagnostic biologique de la leptospirose (HAS, juin 2011) Téléchargement du pdf (103.9 kio)

Source :

Direction générale de la santé
Sous-direction Veille et sécurité sanitaire
Bureau Risques infectieux émergents et vigilances

[1Septicémie : infection générale grave de l’organisme caractérisée par des décharges répétées et importantes de germes pathogènes dans le sang

[2Splénomégalie :grosse rate.

[3Ictère : symptôme consistant en une coloration jaune de la peau et des muqueuses (jaunisse). Par exemple, les hépatites virales sont souvent responsables d’un ictère.

[4Sérologie : recherche dans le sérum d’anticorps dirigés contre l’agent infectieux. En pratique, la recherche d’une maladie à l’aide d’une sérologie nécessite un examen de sang.