Listériose

La listériose est une maladie à déclaration obligatoire rare mais grave, due à une bactérie appelée Listeria monocytogenes, transmise à l’homme par voie alimentaire. La listériose peut avoir des conséquences particulièrement graves chez la femme enceinte et le nouveau-né, ainsi que chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli (personnes immunodéprimées et personnes âgées).

La prévention de la listériose consiste, pour ces sujets à risque, à éviter de consommer les aliments les plus fréquemment contaminés et à respecter certaines règles d’hygiène lors de la manipulation et la préparation des aliments.

Qu’est-ce que la listériose ?

La listériose est une maladie due à Listeria monocytogenes, une bactérie de petite taille, à Gram positif, aéro-anaérobie. Elle est très résistante dans le milieu extérieur et sa température optimale de croissance se situe entre 30 et 37°C. Sensible à la chaleur, elle est détruite après une cuisson de 30 minutes à 60°C.

Listeria monocytogenes est une bactérie largement répandue dans l’environnement. On la retrouve dans le sol, l’eau, les végétaux et dans de nombreux réservoirs animaux. Elle peut être également présente dans l’environnement domestique (réfrigérateurs et congélateurs ménagers) car, contrairement à la plupart des autres bactéries, elle est psychrophile, c’est-à-dire qu’elle peut se développer à basse, voire très basse température.

Mode de contamination par Listeria

La contamination humaine par Listeria est essentiellement alimentaire (produits laitiers - en particulier les fromages au lait cru - certaines charcuteries, les produits de la mer, les végétaux). La bactérie peut contaminer tous les stades de la chaîne alimentaire en colonisant les sites de fabrication des aliments. Comme elle est sensible à la chaleur, elle est en principe absente des aliments cuits et des conserves, sauf si une contamination intervient après la cuisson. Du fait de son aptitude à se multiplier à basse température, Listeria est souvent présente dans les aliments réfrigérés à durée de conservation longue.

D’autres voies de transmission existent mais sont rares, telles que la contamination du fœtus au cours de la grossesse, la contamination du nouveau-né lors de l’accouchement…

Symptômes de la listériose

Après une incubation allant de quelques jours à plusieurs semaines (en moyenne 10 à 28 jours selon les formes cliniques), la maladie se traduit habituellement par une fièvre plus ou moins élevée, accompagnée de maux de tête et, parfois, de troubles digestifs (nausées, diarrhées, vomissements, etc.). Des complications neurologiques (méningite, encéphalite) peuvent survenir et mettre en jeu le pronostic vital de la personne atteinte.

Il arrive parfois que des personnes soient contaminées sans présenter de symptôme (porteurs asymptomatiques). Dans le cas particulier de la contamination de la femme enceinte, l’infection peut passer inaperçue ou se réduire à des symptômes similaires à ceux de l’état grippal. Cependant, les risques et conséquences peuvent être graves pour l’enfant à naître : avortement, accouchement prématuré, formes septicémiques avec détresse respiratoire du nourrisson dans les jours qui suivent la naissance.

Diagnostic de la listériose

Le diagnostic de l’infection à Listeria repose sur des analyses microbiologiques. La maladie est confirmée après l’isolement de Listeria monocytogenes à partir du sang, du placenta, du liquide céphalo-rachidien ou d’autres prélèvements comme du liquide d’ascite, de ponction articulaire ou des prélèvements périnataux.

NB : La listériose humaine est une maladie à déclaration obligatoire depuis 1998 : le médecin ou le laboratoire d’analyses médicales doit informer les autorités sanitaires lorsqu’il détecte un cas de listériose.

Consultez le :
 Décret n°98-169 du 13 mars 1998 modifiant le décret n° 86-770 du 10 juin 1986 fixant la liste des maladies dont la déclaration est obligatoire en application de l’article L. 11 du code de la santé publique

 Arrêté du 22 août 2011 relatif à la notification obligatoire des maladies infectieuses et autres maladies mentionnées à l’article D. 3113-7 du code de la santé publique

Traitement de la listériose

Le traitement de l’infection à Listeria fait appel à des antibiotiques ; il est d’autant plus efficace qu’il est administré précocement.

En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas d’élément en faveur de la mise en place systématique d’une antibioprophylaxie (traitement par antibiotique après exposition à un risque de contamination par Listeria) en l’absence de signe clinique évocateur d’une listériose chez une personne ayant consommé un produit contaminé.

Prévention de la listériose chez les personnes à risque

Les personnes les plus exposées au risque de contamination par Listeria sont les femmes enceintes, les nouveau-nés, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées.

La prévention consiste à éviter certains aliments et à respecter des règles d’hygiène précises lors de la préparation et de la conservation des aliments.

1 - Eviter les aliments à risque :

 Eviter les produits de charcuterie cuits ou crus consommés en l’état (jambon cuit ou cru, produits en gelée, foie gras, pâté, rillettes…), les produits de la mer (poissons fumés, tarama, coquillages crus…) et certains produits laitiers (lait cru, fromage à pâte molle à croûte fleurie ou lavée…).
Les femmes enceintes doivent éviter de consommer ces aliments.

2 - Comment préparer les aliments :

 Se laver les mains avant, pendant et après manipulation de tous les types d’aliments.
 Nettoyer les ustensiles de cuisine et les plans de travail qui ont été en contact avec des aliments non cuits.
 Ne pas utiliser les mêmes ustensiles (couteau, cuiller, plat, etc.) pour les aliments crus et les aliments cuits.
 Laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques avant de les consommer.
 Préférer les produits préemballés aux produits achetés à la coupe.
 Bien cuire les aliments crus d’origine animale (viande, poisson, charcuterie crue de type lardons).
 Retirer la croûte des fromages.
 Réchauffer les aliments consommés à chaud à une température interne supérieure à + 70°.

3 - Comment conserver les aliments :

 Respecter les dates limites de consommation et les conditions de stockage, notamment de température, indiquées par le fabricant sur les emballages.
 Conserver les aliments crus séparément des aliments cuits ou des aliments à consommer en l’état, afin d’éviter les contaminations croisées.
 Protéger les aliments partiellement consommés par des films plastiques, boites hermétiques…
 Réfrigérer rapidement les aliments nécessitant une conservation au froid.
 Maintenir la température du réfrigérateur entre 0°C +4°C.
 Ne pas stocker trop d’aliments dans le réfrigérateur pour éviter qu’ils ne se contaminent dans le temps.
 Conserver les restes alimentaires au réfrigérateur moins de trois jours et jamais au-delà de la date limite de consommation mentionnée sur le produit initial.
 Nettoyer le réfrigérateur à l’eau savonneuse par exemple, fréquemment ou dès qu’il est souillé, puis le rincer avec de l’eau légèrement javellisé (éviter l’application directe d’eau de javel concentrée sur les parois).

Epidémiologie de la listériose

La listériose évolue sous forme de cas sporadiques, de cas groupés voire de petites épidémies favorisées par la large distribution des produits alimentaires.

En France, 300 à 400 cas de listériose sont diagnostiqués chaque année, soit une incidence annuelle de 5 à 6 cas par million d’habitants. (source Santé Publique France)

Pour en savoir plus consulter le site de Santé Publique France

Surveillance de la listériose

En France

La surveillance de la listériose humaine est assurée conjointement, au moyen de la déclaration obligatoire de la maladie, par un ensemble d’acteurs :

 Les agences régionales de santé (ARS). Les médecins et les biologistes qui suspectent ou diagnostiquent des cas de listériose doivent les signaler sans délai et par tout moyen approprié (téléphone, télécopie) au médecin de l’Agence régionale de santé (ARS) de leur lieu d’exercice.
 Santé Publique France (SPF). La réalisation d’une enquête alimentaire systématique permet de dégager les éléments communs aux malades et de remonter, quand cela est possible, à la source de la contamination.
 Le Centre National de Référence des Listeria (CNRL) basé à l’Institut Pasteur à Paris. Le CNRL caractérise les souches bactériennes à partir des prélèvements effectués sur la chaîne alimentaire et détecte les cas groupés de listériose.
 L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ;
 La Direction générale de la santé (DGS) du Ministère chargé de la santé ;
 La Direction générale de l’alimentation (DGAL) du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation.
 La Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) du Ministère de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes publics.

Cette action coordonnée permet de procéder, en cas de nécessité, au retrait ou au rappel des lots contaminés.

Les services de l’Etat réalisent des contrôles officiels dans le domaine alimentaire, notamment la recherche de Listéria monocytogenes dans certaines denrées alimentaires.

Aux niveaux international et européen

Dans l’Union européenne, la surveillance et le contrôle des maladies d’origine alimentaire, ainsi que les exigences en matière d’hygiène des denrées alimentaires et les critères de sécurité des aliments sont réglementés par la législation de l’UE. Parmi les textes règlementaires européens encadrant le domaine alimentaire, le règlement (CE) n° 2073/2005 de la Commission concernant les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires définit les critères de sécurité des aliments pour certaines bactéries importantes transmises par les aliments, notamment Listeria monocytogenes.

Conformément à la réglementation communautaire, la responsabilité du producteur d’aliments dans la remise de produits sains au consommateur est renforcée : l’exploitant du secteur alimentaire met en place des auto-contrôles afin de s’assurer de la conformité de ses produits. Il engage, quand cela est nécessaire, une procédure de retrait du marché ou de rappel du produit détenu par les consommateurs et en informe les autorités compétentes.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est l’agence européenne chargée d’évaluer les risques liés à la présence de Listeria monocytogenes dans la chaîne alimentaire. L’EFSA analyse la prévalence de la bactérie et étudie les facteurs de risque de sa présence dans les denrées alimentaires. Elle émet des avis sur les procédures susceptibles de faciliter son contrôle et de limiter son développement.