L’hépatite E

L’hépatite virale E est une maladie infectieuse due à un virus (VHE) dont les réservoirs sont l’homme et certaines espèces animales. Elle est fréquente dans les pays à faible niveau d’hygiène (cas sporadiques et épidémies). Dans les pays industrialisés, elle a été mise en évidence plus récemment (les deux premiers cas ont été rapportés en 1997).
Chez l’homme, la maladie se traduit par un tableau d’hépatite aiguë comme on peut l’observer pour l’hépatite virale A (HVA). Il s’agit d’une inflammation du foie habituellement bénigne, mais pouvant cependant être à l’origine de formes graves.

Qu’est-ce que l’hépatite virale E ?

L’hépatite virale E (HVE) est une maladie infectieuse due à un virus (VHE) dont les réservoirs sont l’homme et certaines espèces animales. Elle est fréquente dans les pays à faible niveau d’hygiène (cas sporadiques et épidémies). Dans les pays industrialisés, elle a été mise en évidence plus récemment (les deux premiers cas ont été rapportés en 1997).

Il existe quatre groupes génétiques de l’hépatite E chez l’homme. Les génotypes 1 et 2 sont exclusivement présents chez l’homme, alors que les génotypes 3 et 4 sont retrouvés chez l’homme et l’animal. Les génotypes 1 et 2 sont issus de souches de régions d’endémicité (Asie, Afrique). Le génotype 3 a été mis en évidence en France et dans d’autres pays industrialisés. Le génotype 4 a été isolé en Asie du Sud-est.

Chez l’homme, la maladie se traduit par un tableau d’hépatite aiguë comme on peut l’observer pour l’hépatite virale A (HVA). Il s’agit d’une inflammation du foie habituellement bénigne, mais pouvant cependant être à l’origine de formes graves.

Les hépatites virales E sont elles fréquentes ?

L’hépatite E (souches de génotype 1 et 2) est fréquente (endémo-épidémique) dans les pays à faible niveau d’hygiène où la fourniture en eau potable et l’assainissement ne sont pas maîtrisés. L’hépatite E est une des premières causes d’hépatite clinique aiguë en Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique. On estime de 1 à 2 millions le nombre annuel de cas en Inde.

À l’opposé, l’hépatite E (souches de génotype 3) est responsable d’un petit nombre de cas dans les pays industrialisés. En France, le Centre national de référence (CNR) des hépatites à transmission entérique (hépatites A et E), reçoit les échantillons pour confirmer le diagnostic.

Depuis 2002 (date de la création du CNR hépatite E), on observe en France une augmentation du nombre de cas d’hépatite E. La mise en place d’un système de surveillance efficace, et l’augmentation du nombre de demandes de diagnostic peuvent être des facteurs expliquant en partie l’augmentation du nombre de cas. Le CNR a diagnostiqué en 2006, 38 cas d’hépatite E, en 2007, 113 cas, 218 cas en 2008 et 260 cas en 2009. Le CNR estime qu’il y a entre 200 et 300 nouveaux cas d’hépatite Epar an en France.

La majorité de ces cas identifiés sont des cas autochtones, c’est-à-dire que les personnes ont contracté la maladie en France.

Comment se transmet le virus de l’hépatite virale E ?

Le virus de l’hépatite E se transmet principalement par voie alimentaire :

 par la consommation d’eau non potable, c’est le mode de contamination dominant dans les pays en voie de développement

 par la consommation de produits souillés : coquillages, légumes, fruits contaminés par contact avec une eau souillée (irrigation, lavage),

  • par la consommation de produits issus d’un animal réservoir du virus :
    • viande et abats de sanglier et de cerf, notamment la fressure (cœur, rate, foie, poumons) souvent consommée presque crue,
    • produits à base de foie cru de porc destinés à être consommés cuits mais consommés crus par certains consommateurs (saucisses de foie et foies secs),
    • produits à base de foie cru ou peu cuit de porc destinés à être consommés cuits mais pouvant être consommés insuffisamment cuits par certains consommateurs (quenelles de foie…),
    • produits à base de foie cru de porc destinés à être consommés crus (saucisses de foie séchées, fumées…).

La transmission de l’hépatite E est aussi suspectée par la contamination manu portée liée à une hygiène des mains insuffisantes, par contact direct ou indirect avec les animaux vivants ou leurs carcasses (populations professionnelles particulièrement concernées : les chasseurs, les personnes travaillant dans les abattoirs, éleveurs et vétérinaires).

La transmission de l’hépatite E se fait rarement de personne à personne (transmission féco-orale) et exceptionnellement par produit biologique d’origine humaine.

Quelles sont les symptômes et les formes cliniques de l’hépatite virale E ?

Après une durée d’incubation de 20 à 75 jours (en moyenne 40 jours), l’hépatite E se présent sous les formes suivantes :

 Des formes asymptomatiques dans la moitié des cas ;
 Des formes symptomatiques, ressemblant à celles de l’hépatite A avec présence de signes généraux non spécifiques : nausées, vomissements, douleurs abdominales, souvent suivi par une jaunisse ;
 Des formes graves d’hépatite virale E peuvent survenir chez les femmes enceintes, chez les personnes immunodéprimées ou des personnes présentant déjà des lésions du foie.

Précisions à destination des professionnels de santé :
Sur le plan clinique, l’hépatite E se présente comme une hépatite aigüe ictérique, comparable au tableau clinique observé pour l’hépatite A, associée sur le plan biologique à une cytolyse hépatique. L’évolution est favorable dans la majorité des cas, bien que des formes graves (hépatite fulminante) aient été décrites chez des femmes enceintes [1] dans certains pays à faible niveau d’hygiène, et chez des patients présentant une hépatopathie chronique sous jacente dans les pays industrialisés. Chaque année en France, un à deux cas d’hépatites E fulminantes sont ainsi greffés en urgence.

Chez les patients immunodéprimés (patients greffés, patients sous traitement immunosuppresseur, patients présentant une hémopathie, sujets, infectés par le VIH….), l’hépatite E peut évoluer vers un portage chronique du virus. On note la détection du génome viral pendant plus de 6 mois, dans 50 à 55% des cas suivant les séries de patients rapportées dans la littérature. Des tableaux de cirrhose documentée ont été observés. En France, 25 à 30 nouveaux cas d’hépatite E sont ainsi diagnostiqués par an chez de tels patients dont plus de 50% avaient été en contact avec le virus plusieurs années auparavant (données du CNR Hépatite E).

Quelles sont les personnes les plus à risque de développer une forme grave d’hépatite virale E ?

Les personnes les plus à risque de développer une forme grave d’hépatite E sont les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées ainsi que les personnes atteintes d’hépatopathie chronique.

Comment le diagnostic d’hépatite virale E est-il réalisé ?

Le diagnostic d’hépatite E repose sur la détection du virus par amplification génique (RT-PCR) et sur la détection des anticorps anti-VHE dans le sang (sérologie). Le virus peut être détecté par PCR dans le sérum et les selles quelques jours avant l’apparition de l’ictère et 3 à 4 semaines après la survenue de celui-ci.

Les résultats positifs doivent être confirmés auprès du Centre national de référence hépatites à transmission entérique (hépatites A et E).

Y a-t-il un traitement spécifique de l’hépatite E ?

Il n’existe actuellement aucun vaccin disponible dans le commerce permettant d’éviter l’hépatite E. S’agissant d’une maladie virale, les antibiotiques ne constituent pas un traitement adapté. On ne dispose d’aucun traitement pour infléchir l’infection. Par conséquent, la prévention (respect de certaines règles d’hygiène et de cuisson des aliments notamment) constitue l’approche la plus efficace contre la maladie.

Quels sont les produits alimentaires, en France, les plus à risque de transmettre l’hépatite E ?

En France, les produits alimentaires les plus à risque de transmettre l’hépatite E sont les produits à base de foie cru de porc (saucisses de foie fraîches ou sèches, foie sec et saucisses de foie sec et quenelle de foie …) consommés crus ou peu cuits. Des cas d’hépatite E ont été documentés après consommation de saucisses de foie cru de type figatellu.

La viande et les abats de sanglier ou de cerf notamment la fressure (cœur, rate, foie, poumons) consommés crus sont aussi des aliments à risque.

Les produits à base de foie cru de porc sont des spécialités régionales fabriquées par exemple en Corse, Languedoc-Roussillon, Midi Pyrénées, Provence Alpes Côte d’Azur et Alsace. S’agissant des produits de venaison, la France entière est concernée.

Quelles sont les mesures de prévention qui permettent de prévenir une contamination par le virus de l’hépatite E ?

Il n’existe pas actuellement de traitement spécifique de l’hépatite E, ni vaccin commercialisé. En conséquence, la prévention constitue l’approche la plus efficace contre la maladie.

1. La prévention des cas importés repose sur les recommandations aux voyageurs sur les risques entériques du Haut Conseil de santé publique (BEH n° 21-21/2010, juin 2010).

2. La prévention de la transmission de la maladie en France se base sur :

  • les recommandations classiques pour les maladies à transmission féco-orale, alimentaire ouzoonotique :
    • hygiène : lavage des mains à la sortie des toilettes, avant de préparer les repas, après contact avec des animaux vivants ou les produits d’origine animale
    • non consommation d’eau non traitée (eau d’un puits, de torrents etc.)
    • cuisson à cœur des aliments destinés à être consommés cuits
    • respect des consignes de cuisson et de consommation indiquées sur l’étiquette des produits

 Des recommandations plus spécifiques pour la prévention du VHE sont de consommer cuits à cœur les produits à base de foie cru de porc comme les saucisses de foie, les figatelli, les quenelles de foie ainsi que la viande de sanglier et de cerf. Un étiquetage des produits à base de foie cru de porc a été mis en place en mai 2009 et une information peut être donnée par le boucher ou le traiteur lors des achats.

  • Des recommandations complémentaires aux personnes à risque en contact avec les carcasses ou les animaux vivants : porcs, sangliers, cerfs dans le cadre de leur activité professionnelle ou d’activités de loisir.
    • 1. Respect des mesures d’hygiène générale dans l’élevage (nettoyage et désinfection locaux et des matériels, stockage approprié des déchets et cadavres d’animaux),
    • 2. Formation et information des salariés (risques liés aux agents biologiques, hygiène, mesures collectives et individuelles de prévention)
    • 3. Mise en place de moyens appropriés : Eau potable, savon, moyens d’essuyage à usage unique ; Armoires-vestiaires distinctes (vêtements de ville/vêtements de travail), pour éviter la contamination des effets personnels ; Vêtements de travail et équipements de protection individuelle : appropriés (par exemple, bottes, pantalons, blouse, charlotte…), en bon état, propres et bien entretenus.
    • 4. Consultation d’un médecin en cas de symptômes pouvant évoquer l’hépatite E, en lui indiquant la profession exercée.

Quelles sont les recommandations spécifiques pour les personnes à risque ?

 Des recommandations fortes pour les personnes à risque de développer une forme grave d’hépatite E (patients immunodéprimés, patients atteints d’une hépatopathie chronique et femmes enceintes) :

Les produits les plus à risque sont ceux dont la transmission alimentaire a été démontrée : Les produits à base de foie cru de porc consommés en l’état (cru) ou habituellement insuffisamment cuits (saucisses de foie fraiches ou sèches, foie sec et saucisses de foie sec et quenelle de foie), les produits à base de sanglier ou de cerf (viande et abats) crus ou mal cuits (notamment la fressure (cœur, rate, foie, poumons) souvent consommée presque crue).

Pour ces personnes, en l’état actuel des connaissances, il convient de déconseiller de consommer les produits les plus à risque, même cuits.

Sans préjudice des autres dangers donnant lieu à d’autres recommandations, les produits cuits à cœur comme le jambon blanc, les pâtés de foie (émulsion chaude), les produits pasteurisés ne sont pas à risque vis à vis de l’hépatite E.

Pour les autres produits crus tels que le jambon cru, la viande de porc insuffisamment cuite etc., les études sont en cours pour caractériser le danger et les températures assainissantes. Aucune recommandation ne peut à ce jour être proposée et il convient de rappeler qu’aucun cas n’a actuellement été rapporté avec la consommation de ces produits

Est-ce que la cuisson tue le virus ? Quelles précautions à prendre pour ne pas contracter une hépatite E ?

Selon l’Anses, la cuisson si elle est effectuée à une température suffisamment élevée, est un traitement dont l’efficacité sur le virus hépatite E est très probable. L’Anses considère que les données sont insuffisantes pour proposer des modalités pratiques de cuisson efficace.

Pour plus d’informations, les 2 avis de l’ANSES :

Quelles sont les mesures de surveillance des cas humains et de gestion mises en œuvre par les autorités sanitaires ?

En France depuis 2002, l’hépatite E est surveillée par le Centre national de référence (CNR) des virus des hépatites à transmission entérique (hépatite A et E)

Suite à l’augmentation progressive du nombre de cas d’hépatite E autochtone en France, les autorités sanitaires et notamment le Haut Comité de Santé Publique, l’Institut de veille sanitaire et le Centre national de référence pour les virus des hépatites à transmission entérique (hépatites A et E) ont mis en place une surveillance renforcée des cas humains d’hépatite E en 2010. L’objectif est de recenser et décrire les cas et de recueillir, en particulier pour les cas autochtones, des données supplémentaires sur les différents facteurs d’exposition et modes de contamination en France, pays non endémique de HVE. Les résultats seront disponibles fin 2011.

Par ailleurs, suite aux cas identifiés plus particulièrement en 2009 dans le sud de la France, en lien avec la consommation de certaines saucisses fraîches de foie, des recommandations ont été émises par les autorités sanitaires, notamment en ce qui concerne la cuisson des aliments, le respect des règles d’hygiène et la non consommation de certains produits par les populations à risque. Les personnes à risques sont informées de ce nouveau risque par le biais d’une information aux professionnels de santé ainsi qu’aux associations de patients concernées.

Quels sont les travaux de recherche en cours sur l’hépatite E ?

Le caractère zoonotique de l’hépatite E constitue un sujet de recherche d’importance. Parmi les travaux en cours :

 Partenariat CNR / InvS : surveillance renforcée de l’hépatite E avec pour objectifs de décrire les caractéristiques cliniques et épidémiologiques des cas, de détecter et investiguer les cas groupés autochtones et caractériser les virus impliqués chez l’homme. Les premiers résultats seront disponibles fin 2011.

 Deux projets de recherche sont soutenus par l’Agence Nationale de la Recherche. Le premier, PNRA 2007-008 HEVZOONEPI a pour objectif de déterminer le risque de contamination par le virus de l’hépatite E via l’alimentation. Le second, CES 2010 HEVECODYN, a pour objectif de caractériser la dynamique du virus de l’hépatite E dans les écosystèmes associés : des élevages de porcs et eaux usées aux coquillages.

Sites de référence

 Centre national de référence des virus des hépatites à transmission entérique A et E(CNR)

Source :
Sous direction Prévention des risques infectieux
Direction générale de la santé
14 avenue Duquesne
75350 Paris 07 SP

[1Avec des taux de létalité de 12 à 20%, au cours d’épidémies