La bronchiolite : questions/réponses à destination des professionnels de santé

En tant que professionnel de santé, vous êtes au contact direct des parents et êtes les plus à même de répondre à leurs inquiétudes. Vous trouverez ci-dessous un questions/réponses élaboré en lien avec le Conseil national de pédiatrie et le Collège de médecine générale destiné à vous aider dans cette tâche.

La bronchiolite est définie comme un épisode aigu de gêne respiratoire (séquence rhinite suivie de signes respiratoires : toux, sibilants et/ou crépitants, accompagnés ou non d’une polypnée et/ou de signes de lutte respiratoire), intervenant à toute période de l’année chez un nourrisson de moins de deux ans. Il s’agit le plus souvent d’une maladie bénigne mais les très jeunes enfants (moins de 2 mois surtout) peuvent présenter des formes plus graves nécessitant une hospitalisation parfois en service de soins critiques.

Les bronchiolites sont toujours d’origine virale et le Virus Respiratoire Syncytial (VRS) en est la cause principale. Avant 2 ans, on estime que plus de 90% des enfants on fait au moins une infection due à ce virus.

Les mesures barrières habituelles réduisent le risque que les plus petits et les plus fragiles (les plus à risque de formes grave), contractent un virus.

Les jeunes parents peuvent limiter efficacement le risque d’infection virale en appliquant quelques mesures simples durant les premiers mois de la vie et dès la sortie de la maternité :

  • Limiter les visites au cercle des adultes très proches et non malades, pas de bisous ni passage de bras en bras, pas de visite par des jeunes enfants avant l’âge de 3 mois ;
  • Les réunions de familles et la fréquentation de lieux publics comme les supermarchés, les restaurants et les transports en commun doivent être différées à un âge où l’infection virale sera mieux tolérée (après 3 mois)
  • Se laver les mains (avec du savon ou une solution hydroalcoolique) avant et après contact avec le bébé ;
  • Laver régulièrement ses jouets et peluches ;
  • Ne pas partager biberons, tétines et couverts non lavés ;
  • Aérer régulièrement l’ensemble du logement ;
  • Ne pas fumer à côté des bébés et des enfants ;
  • Éviter l’entrée en collectivité avant 3 mois, ne pas confier son enfant en collectivité les jours où il présente des symptômes d’infection virale ;
  • Prévoir ses premières vaccinations sans retard afin qu’il soit protégé au plus vite ;
  • Être soi-même à jour de ses vaccinations contre la coqueluche, se faire vacciner contre la grippe (idéalement pendant la grossesse en saison épidémique).
  • Porter soi-même un masque en cas de rhume, de toux ou de fièvre ;
  • Si le reste de la fratrie présente des symptômes d’infection virale, les tenir à l’écart du bébé à la phase aiguë de l’infection ;

En termes de prévention médicamenteuse, deux anticorps monoclonaux ont une indication dans la prévention des infections à VRS du nourrisson :

  • Le palivizumab, Synagis®, dispose d’une autorisation de mise sur le marché depuis 1999 et est indiqué pour prévenir les formes graves d’infections à VRS chez certains enfants prématurés et chez les nourrissons à haut risque (porteurs d’une malformation cardiaque ou pulmonaire : à discuter avec les spécialistes qui les suivent).
  • Le nirsevimab, Beyfortus®, dispose d’une autorisation de mise sur le marché européen depuis octobre 2022 et est indiqué pour la prévention des infections des voies respiratoires inférieures causées par le VRS chez tous les nouveau-nés et les nourrissons pendant leur première saison de circulation du VRS.

Informations pour les professionnels de santé

Informations pour les parents

L’immense majorité des bronchiolites est bénigne et guérit spontanément en quelques jours.

Après 2 ou 3 jours de rhinopharyngite (toux rhinorrhée, obstruction nasale) la toux devient plus intense, plus grasse, inconstamment une fièvre généralement modérée est présente, la respiration devient sifflante ou bruyante, l’auscultation retrouve sibilances ou râles….

Les symptômes peuvent s’aggraver pendant les premiers jours, puis s’améliorent progressivement. Il convient de rassurer les parents car la toux persiste habituellement 8 ou 10 jours et parfois même pendant plusieurs semaines. Il est utile de convenir avec eux de la surveillance et du rythme des consultations afin de ne pas re-consulter inutilement et encombrer le système de soin déjà saturé en période d’épidémie Pour ces raisons, la prise en charge en soins primaires est la règle.

Les antibiotiques ne servent à rien dans cette indication. En dehors de surinfections prouvées (otites, pneumonie), les antibiotiques ne modifient pas l’évolution des bronchiolites, mais induisent au contraire de nombreux d’effets indésirables.

Expliquer la surveillance aux parents pour dépister une aggravation éventuelle justifiant une nouvelle consultation ou une hospitalisation.

Il est toujours utile de leur remettre un document sur la bronchiolite ou de leur indiquer un site internet de confiance (www.ameli.fr, www.mpedia.fr ou autres …).

Les antitussifs et les fluidifiants sont totalement inefficaces dans la bronchiolite. Ils sont contre indiqués et dangereux et augmentent le risque d’hospitalisation.

Dans certaines situations très spécifiques (pathologie respiratoire chronique, pathologie neuromusculaire), une kinésithérapie respiratoire peut être prescrite par le médecin.

Comme souvent en matière d’infection virale, le traitement consiste à soulager l’enfant en attendant la guérison spontanée de l’infection. Les 2 mesures les plus importantes sont :

  • de garder les voies aériennes perméables (en pratique les voies nasales car la respiration buccale n’existe pas avant 3-6 mois) pour permettre la respiration ;
  • maintenir des apports en boissons et aliments suffisants à l’hydratation et aux besoins énergétiques.

Les gestes suivants faits par les parents sont donc essentiels durant toute la durée des symptômes de bronchiolite :

  • Garder le nez dégagé par des désobstructions régulières selon la méthode expliquée par la HAS ;
  • Fractionner les repas (proposer plus souvent mais en petites quantités). La toux peut provoquer des vomissements après un biberon mais épaissir le lait n’est pas efficace , il faut plutôt réduire le volume des biberons.

Il n’existe pas de traitement anti-virus curatif spécifique.

Non, la HAS comme l’ensemble des autorités de santé ne les recommandent pas.

Non, là encore, la HAS comme l’ensemble des autorités de santé ne leur trouve aucune place.

Les situations suivantes imposent une hospitalisation en urgence :

  • Les enfants âgés de moins de 2 mois relèvent d’une surveillance hospitalière selon les recommandations de la HAS, ainsi que les enfants porteurs d’une pathologie chronique (cardiopathie congénitale avec shunt, pathologie neuromusculaire, polyhandicap, déficit immunitaire). Dans l’idéal, il est TRES UTILE de prendre contact avec le service des urgences qui va recevoir l’enfant afin de valider au préalable l’indication d’hospitalisation et limiter les admissions évitables/différables ;
  • Les enfants pour lesquels le contexte médico-socio-économique ou le recours aux soins ne permettant pas une prise en charge adaptée à domicile ;
  • Les formes relevant d’une oxygénothérapie et/ou nécessitant un support nutritionnel (diminution d’au moins 50% des apports habituels sur 3 prises successives).
Tableau récapitulatif proposé par la HAS pour évaluer la gravité d'une bronchiolite et orienter en conséquence la prise en charge initiale
Tableau récapitulatif proposé par la HAS pour évaluer la gravité d’une bronchiolite et orienter en conséquence la prise en charge initiale