1. Le porteur du projet
Coordonnées complètes
Nom : Centre Hospitalier Georges CLAUDINON, service B2SSR, soins de suite oncologie et soins palliatifs
Adresse : Rue Paul Langevin, BP 59, 42501
Le Chambon-Feugerolles cedex
Téléphone 04.77.40 11.11
Coordonnées complètes et fonction du contact
Nom : SUZAT Corinne - Cadre de santé
Nom : DEBERT Sylvannie - Aide-soignante/art-thérapeute
Adresse : Centre Hospitalier Georges CLAUDINON, Rue Paul Langevin, BP 59, _ 42501 Le Chambon-Feugerolles cedex
Téléphones :
Mme SUZAT : 04.77.40.11.17
Courriel : c.suzat[@]ch-claudinon.fr
Mme DEBERT : 04.77.40.11.11
2. Le contexte
L’origine
Le service de soins de suite concerné est sans cesse confronté à la problématique du soulagement de la douleur qu’elle soit physique ou morale avec des thérapeutiques habituelles classiques qui montrent parfois leurs limites.
Le projet que nous vous présentons tente, entre autre, de résoudre cette problématique, il est encore en pleine évolution.
En 2007, les soins de support dont l’art-thérapie sont intégrés au projet médical et au projet de service.
En 2009, c’est une subvention importante allouée par la fondation APICIL qui a permis de débuter l’activité avec l’embauche d’un art-thérapeute professionnel pour 2 ans. Afin de pérenniser le projet, il avait également pour mission de tutorer un professionnel de l’établissement qui s’engagerait dans une formation d’art-thérapeute.
Depuis mars 2011, une aide financière de la Ligue contre le cancer a permis de poursuivre l’activité à mi-temps dans le service. C’est une aide soignante du service, formée en art-thérapie pendant deux ans, qui assure ce poste.
De ce fait, aujourd’hui, l’activité d’art-thérapie est financée jusqu’en décembre 2011. Ces diverses subventions nous ont permis d’initier le projet et d’en démontrer la faisabilité et la valeur ajoutée dans les soins mais surtout sa pertinence en amenant du crédit à cette idée d’aborder autrement la gestion des douleurs rebelles qui était notre objectif premier. Mais cela a ouvert des perspectives qui vont au-delà de ces objectifs initiaux. En effet, nous nous sommes rendus compte que cela permettait des projets de soins personnalisés pour chaque patient, adaptés à leurs besoins avec des patients encore maîtres de leur choix jusqu’à la fin de leur vie.
Les bienfaits pour les patients et leur famille sont tels qu’ils nous poussent à poursuivre notre recherche de subventions ou de mécénats afin de pouvoir pérenniser cette activité au sein du service avant de la généraliser à tous les services de l’établissement tout comme nous avons procédé pour les soins esthétiques.
La finalité
L’objectif du projet est de proposer au patient, et également à son entourage, des séances d’art-thérapie.
De quoi s’agit-il ?
« Des objets, des médiations de nature artistique sont utilisés pour leurs capacités à donner à l’individu le pouvoir de rêver, d’espérer, de survivre… », et d’oublier l’espace d’un temps la douleur, l’angoisse, la maladie, en entrant ou en redécouvrant le processus créatif (Wadih RHONDALI, art-thérapeute, Hospices civils de Lyon)
La pratique de l’art-thérapie à débutée en France dans les années 50 avec les travaux scientifiques réalisés à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris. Elle est enseignée en faculté depuis 1986.
Dans l’art-thérapie, il y a deux concepts étroitement liés :
– Celui de « l’art », en tant qu’expression d’un talent,
– Celui de « thérapie », qui renvoie au champ du soin.
L’art-thérapie est donc un soin. Mais ce n’est pas l’art qui soigne, pas plus que le talent ou l’aptitude à savoir peindre, écrire ou modeler…Ce qui soigne, c’est tout simplement de retrouver le plaisir de créer et de renouer ainsi avec le mouvement naturel de la vie.
Ce soin est particulièrement indiqué pour des personnes peu enclines à verbaliser leurs peurs ou leurs souffrances. L’expression des émotions liées à ces mêmes souffrances et au mal-être qu’elles entrainent, peut permettre au patient de retrouver la saveur et le sens de la vie dans l’acceptation de « ce que je suis, comme je suis, ici et maintenant ».
L’art-thérapie aide le patient à retrouver confiance en lui ; par la création d’une œuvre, il retrouve la possibilité de faire des choix (sujet, couleurs, supports,…), il est donc le propre acteur de ce soin. Elle permet de créer un espace temps dans lequel le patient oublie sa maladie, ses angoisses, son stress et/ou les extériorisent, les expriment : créa-thérapie.
Quels sont les apports de l’art-thérapie ?
C’est au fil de la rencontre avec l’art-thérapeute que va pouvoir se tisser le profil d’un processus créatif dont le patient va être l’acteur créateur. En fonction de la réalité du moment, le cadre de l’atelier sera défini de façon personnalisé : rythme, durée des séances, choix des modes d’expressions (collage, peinture, modelage, écriture,…), lieu des séances (dans la chambre ou en extérieur), seul, ou avec d’autres patients ou encore en compagnie d’un proche. Le patient reste propriétaire de son œuvre.
Un climat de confiance, de bienveillance, de confidentialité entoure ce temps : ce qui soigne n’est pas tant l’objet créé, mais le processus créatif dans lequel il s’inscrit, et la rencontre avec soi même, avec la matière, avec l’autre.
Il s’agit donc bien d’une alternative à la psychothérapie classique qui permet par la création artistique d’exprimer des sentiments refoulés, des conflits intérieurs, des angoisses, des désordres émotionnels.
Les séances se font sur proposition aux patients et /ou leur entourage par l’art-thérapeute ou l’équipe soignante, elles se déroulent en séance individuelle ou en famille.
Tous les usagers de l’établissement peuvent être concernés par ce type d’activité thérapeutique, cependant dans la phase actuelle du projet, des séances d’art-thérapie sont proposées u niquementdans le service de soins de suite accueillant des patients relevant de la cancérologie et plus particulièrement des soins palliatifs, à savoir :
– des patients en phase curative de consolidation (en inter-cure ou suite de cure),
– des patients en phase palliative pour lesquels une rémission est possible grâce à des thérapeutiques actives,
– des patients en phase terminale avec la mise en place d’un accompagnement privilégiant le confort de vie.
La description du dispositif
Afin de disposer de nouvelles thérapeutiques, lorsque les traitements dits « habituels » montrent leurs limites, la prise en charge des douleurs cancéreuses rebelles a connu différentes étapes dans le cadre du projet médical et du projet de service :
– en 2004, par la proposition de soins esthétiques aux patients du service oncologie et soins palliatifs.
– en 2007, par la mise en place et le développement de soins de support tels que l’art-thérapie à la suite des soins esthétiques,
– en 2009, par la mise en place et le développement de méthodes de relaxation, comme la sophrologie et l’hypnose qui sont eux aussi des soins de support.
Dans un premier temps, l’aide soignante formée en art-thérapie est intervenue dans le service de soins de suite oncologie et soins palliatifs de l’établissement au lit du patient. C’est un service qui compte 18 lits dont 8 dédiés aux soins palliatifs.
Ensuite, après avoir évalué les actions et les résultats dans ce service puis les besoins des autres services de l’établissement, il sera envisagé de proposer cette activité pour les patients de ces autres services.
Les acteurs
Le cadre de santé du service oncologie et soins palliatifs est à l’origine du projet en 2008, ensuite, le projet s’est monté avec l’équipe soignante du service en accord avec la Direction des soins et la Direction de l’établissement. L’objectif était d’intégrer ce soin de support à celui déjà existant dans le service, à savoir les soins esthétiques.
Les axes prioritaires
– L’implication des professionnels de santé dans la promotion des droits des patients,
– Les dispositifs incitant à promouvoir la bientraitance et la qualité de service dans les établissements de santé
3. Le réalisation
La mise en oeuvre
Les difficultés rencontrées se résument à des questions d’ordre budgétaire. En effet, afin de pérenniser le projet actuel, il est indispensable de financer 50% de temps pour l’Aide-soignante formée à cette technique. En raison du contexte budgétaire des établissements publics de santé ce financement ne peut être obtenu qu’en sollicitant d’éventuels partenaires financiers extérieurs comme la fondation APICIL, la Ligue contre le cancer, …
Par contre, le premier soin de support mis en place dans le service, à savoir les soins esthétiques, ont ouvert la voie et tracé les grandes lignes de la mise en œuvre. De ce fait, pour l’art-thérapie cela a été beaucoup plus facile en termes d’intégration dans les soins.
En effet, les bienfaits pour les patients et leurs familles sont tellement évidents qu’ils encouragent les porteurs du projet et la Direction à poursuivre les recherches de subvention. Ils nous poussent également à communiquer autour de ce projet innovant qui apporte une réelle valeur ajoutée dans la prise en charge de la douleur et des angoisses des patients.
Le calendrier
Le projet de pérennisation de l’art-thérapie s’inscrit dans les orientations stratégiques du service afin d’améliorer la prise en charge globale du patient grâce au développement des soins dit « de support » programmé depuis 2003 avec les soins esthétiques :
– 2007 : Mise en place et développement des soins de support en accord avec le projet médical et le projet de service.
– Mai 2008 : Stage découverte de l’art-thérapie par l’aide soignante du service (à son initiative).
– Février 2009 : Embauche d’un art-thérapeute professionnel sur un poste à mi-temps subventionné par la Fondation APICIL.
– 2010-2011 : Formation d’un membre du personnel en art-thérapie financé par le fond de formation « ANFH ».
– Fin 2009 : Évaluation qualitative et quantitative de l’activité art-thérapie.
– Mars 2010 : Mise en place d’une stratégie de recherche de subventions afin de pérenniser l’activité, soit le financement du mi-temps d’art-thérapie qui sera réalisé par le professionnel formé en 2010 - 2011.
– Fin 2010 : Réflexion sur le déploiement de l’art-thérapie dans les autres services de l’établissement (notamment en psycho-gériatrie et à certains patients identifiés des soins de suite de comas).
– Mars 2011 : Grâce à l’aide financière de la Ligue contre le cancer, l’aide soignante qui a été formée à l’art-thérapie a débuté ses fonctions d’art-thérapeute à mi-temps dans le service de soins de suite oncologie et soins palliatifs.
– Avril 2011 : Présentation du projet « soins de supports » au 23ème colloque infirmier de la Loire au Zénith de Saint-Etienne.
Comment et combien ?
La pérennisation du projet a nécessité deux étapes : la formation d’une aide-soignante à l’art-thérapie, puis le financement durable de cette activité à 0,5 ETP complétant son 0,5 ETP esthétique.
Actuellement, les ateliers se déroulent en complément et en collaboration avec les activités de soins habituelles du service, en prenant en compte le désir du patient de participer à ces séances, elles apparaissent comme un élément essentiel de la prise en charge globale de celui-ci.
L’art-thérapeute qui est un soignant participe aux relèves et aux réunions de synthèses pluridisciplinaires hebdomadaires pour échanger avec les autres membres du personnel soignant.
L’information sur la possibilité de participer aux ateliers d’art-thérapie est donnée au patient à son arrivée dans le service (plaquette et/ou information orale). L’art-thérapeute rencontre tous les patients pour un premier contact ou plusieurs si nécessaire, afin d’établir une relation qui permette la mise en œuvre d’un processus créatif personnalisé.
Un matériel approprié est fourni gracieusement par l’association Héliotrope : chevalets, toiles, peintures acryliques, pastels, pinceaux, brosse, etc.
Par ailleurs l’art-thérapeute réalise des ateliers de découverte pour les personnels soignants de l’ensemble de l’établissement afin de les sensibiliser et de permettre un futur élargissement de l’activité aux autres services : gériatrie, psycho-gériatrie, et en soins de suite de comas (Etat Végétatif Chronique, Etat Pauci-Relationnel) notamment pour les familles.
Différents partenaires nous ont aidés et nous aident encore à monter et à pérenniser le projet, comme :
– la Fondation APICIL qui a notamment subventionné le salaire d’un art-thérapeute professionnel pour une durée de deux années (2009-2010),
– la Ligue contre le cancer qui nous a permis de financer le salaire à mi-temps de l’aide -soignante formée à l’art-thérapie jusqu’en décembre 2011
Mais aussi, avec le soutien de l’association HELIOTROPE, fondée en janvier 2005, grâce à la mobilisation de membres de l’équipe soignante du service oncologie et soins palliatifs. L’objectif de cette association est d’améliorer la prise en charge des patients accueillis et de leur entourage. HELIOTROPE a déjà conduit plusieurs projets dans l’établissement : création d’un salon des familles, installation de télévisions et réfrigérateurs dans les chambres, ateliers de lecture, cabine esthétique, matériel pour l’activité d’art-thérapie,…Elle a le souci de développer la lutte contre la douleur et d’améliorer la prise en charge des patients en fin de vie et l’accompagnement de leur famille.
L’activité d’art-thérapie s’inscrit pleinement dans cet objectif en apportant :
– Un moment de détente et de mieux-être,
– Un moyen d’expression et de communication différent,
– Un dérivatif à la maladie,
– Une réponse novatrice aux besoins et attentes des patients,
– Une alternative à la prise en charge habituelle de la douleur,
– Un support pour une prise en charge de la souffrance psychologique intégré au parcours de soins cliniques.
La communication
Le 14 avril 2011, le projet des soins de support en service de soins de suite cancérologie et soins palliatifs a été présenté au Zénith de Saint-Etienne lors du 23ème colloque en soins infirmiers de la Loire afin d’informer les structures intéressées par la mise en œuvre de ce type d’activités.
Il a remporté un vif succès, depuis ce jour de nombreux retours positifs et contacts ont eu lieu avec des infirmières et des cadres de santé de différents horizons (prise en charge de la SLA, prise en charge des personnes âgées, Instituts de formation en soins infirmiers….), ce qui nous encourage à poursuivre dans cette dynamique de communication en répondant favorablement aux diverses sollicitations.
C’est dans ce contexte que le projet sera présenté le 22 septembre 2011 aux journées de coordination Nationale des centres SLA à SAINT-ETIENNE et le 14 Novembre à l’IFSI de la Croix rouge de SAINT-ETIENNE pour les étudiants de 3ème année.
De plus, nous avons, à de nombreuses reprises, contacté la presse locale afin de communiquer sur ce projet qui nous tient très à cœur.
4. Et après
Les resultats
Ce type de soins vient en complément de la prestation « soins esthétiques » déjà proposée dans l’établissement, et qui répond à un besoin de revalorisation de l’image de soi.
C’est pourquoi nous souhaitons être en capacité de continuer à proposer aux patients accueillis dans notre structure, cette activité à visée thérapeutique qui leur permet à la fois de se retrouver, de se réapproprier ou d’accepter ce corps qui les fait souffrir et d’être enfin soulagés.
L’Art-thérapie est encore en phase de recherche de pérennisation après deux années d’expérimentation en soins de suite oncologie et soins palliatifs.
A long terme, nous souhaitons être en mesure de proposer cette activité dans les services de gériatrie de l’établissement. En effet, le travail du peintre en atelier gériatrique est une animation thérapeutique : elle peut tendre à guérir, réinsérer, rassurer, mais surtout à faire que le sujet soit.
Evaluation et suivi
Afin d’évaluer la qualité de ces ateliers mais également le nombre de patients pris en charge, nous avons mis en place un questionnaire que les patients remplissent volontiers. Les retours semblent intéressants, en seront analysés en fin d’année afin de renseigner un bilan d’activité qui sera ensuite fourni à nos partenaires. Ce que nous pouvons tout de même dire, pour les avoir rapidement parcourus, c’est que les patients aimeraient tous pouvoir bénéficier de plus de séances.
Sur un plan quantitatif, actuellement 9 à 12 patients sont pris en charge chaque semaine.
Pour apprécier la qualité de cette activité, les nombreux témoignages de satisfaction des patients et de leurs familles parlent d’eux même. De plus les soignants ont également à de nombreuses reprises fait part des effets très positifs de cette prise en charge sur la douleur morale des patients.
enfin, l’art-thérapeute tient à jour un journal de bord qui lui permet d’établir un suivi de son activité, elle la trace également dans chaque dossier de soins des patients par le biais d’une fiche de relève qui permet à l’équipe d’en prendre connaissance pour une bonne cohérence du projet de soin personnalisé de chaque patient.
Quelques conseils et témoignages
Il faut sans aucun doute faire preuve de persévérance, de motivation, de courage pour aller de l’avant et déployer des trésors de créativité et de « culot » pour taper aux portes sans complexe ni censure.
Mais c’est possible, c’est même enthousiasmant, il faut y croire car les bénéfices pour les patients et les familles vont au-delà des espérances attendues.
Les soins de supports ne ce substituent pas aux soins, ce sont des « plus » mais qui font toute la différence.