La sophrologie, l’hypnose, ou comment soigner autrement ?

1. Le porteur du projet

Coordonnées complètes
Nom : Centre Hospitalier Georges CLAUDINON, service B2SSR, soins de suite oncologie et soins palliatifs
Adresse : Rue Paul Langevin, BP 59-42501
Le Chambon-Feugerolles cedex
Téléphone 04.77.40 11.11

Coordonnées complètes et fonction du contact
Nom : SUZAT Corinne, cadre de santé
Tél. 04.77.40.11.17
Courriel : c.suzat[@]ch-claudinon.fr
Nom : De LANOUVELLE Laurence, Infirmière
Tél. 04.77.51.45.47
Courriel : delanouvelle[@]free.fr
Adresse : Centre Hospitalier Georges CLAUDINON
rue Paul Langevin, BP 59
42501 Le Chambon-Feugerolles cedex

2. Le contexte

L’origine
Le service de soins de suite concerné est sans cesse confronté à la problématique du soulagement de la douleur qu’elle soit physique ou morale avec des thérapeutiques habituelles classiques qui montrent parfois leurs limites.

Le projet que nous vous présentons tente, entre autre, de résoudre cette problématique. Il est encore en pleine évolution et est intégré au projet médical et au projet de service comme soin de support tout comme les soins esthétiques et l’art-thérapie.

Diverses subventions nous ont permis d’initier le projet et d’en démontrer la faisabilité et la valeur ajoutée dans les soins, mais surtout sa pertinence en amenant du crédit à cette idée d’aborder autrement la gestion des douleurs rebelles qui était notre objectif premier. Mais cela a ouvert des perspectives qui vont au-delà de ces objectifs initiaux. En effet, nous nous sommes rendus compte que cela permettait des projets de soins personnalisés pour chaque patient, adaptés à leurs besoins avec des patients encore maîtres de leur choix jusqu’à la fin de leur vie.

C’est dans ce contexte qu’une Infirmière du service a souhaité se former à la sophrologie et à l’hypnose. Ce projet s’inscrit pleinement dans la même dynamique que les deux soins de supports déjà existants (soins esthétiques et arthérapie) en proposant d’améliorer, même modestement, la qualité de la prise en charge de la douleur et donc la qualité de vie des patients dans le cadre de soins spécifiques (pansements, ponctions, mobilisation,…), d’un symptôme aggravé (dyspnée, toux, douleur paroxystique,…) ou tout simplement, à leur demande, pour vivre un moment de détente et de bien être dans un corps malmené par la maladie et les traitements.

Certains patients ont pu bénéficier de séances de sophrologie et de relaxation depuis mars 2009 en lien avec la formation d’une infirmière du service à ces pratiques. Les bienfaits sont tels qu’ils nous poussent aujourd’hui à organiser et à planifier cette activité afin de poursuivre dans cette voie novatrice et prometteuse. Ils nous incitent aussi à continuer notre recherche de subventions ou de mécénats afin de pouvoir pérenniser cette activité au sein du service avant de la généraliser à tous les services de l’établissement tout comme nous avons procédé pour les soins esthétiques et l’art-thérapie.

La finalité
L’objectif est de pouvoir proposer aux patients la possibilité de vivre des expériences de sophrologie, de relaxation ou d’hypnose.

Ces méthodes sont de plus en plus fréquemment appliquées dans un cadre social ou médical. Beaucoup de patients en ont entendu parler, certains ont déjà pratiqué cette méthode.

De quoi s’agit-il ?

La sophrologie Caycédienne s’inspire des mouvements mystiques orientaux (Zen japonais, Bouddhisme tibétain, yoga indien) pour la base de ses principes.
Elle cherche à faire vivre des expériences de détente corporelle, d’harmonie de l’être, de conscience des énergies par le biais de méthodes simples et volontaires.

Dans le cadre hospitalier qui nous intéresse, ces méthodes s’appliquent facilement, en respectant la fatigabilité des patients, en restant à un niveau de base suffisant et adapté. Elles ont jusqu’à présent été proposées dans un cadre défini avec le patient ou proposées dans un soin ou un symptôme particulièrement inconfortable. La confiance établie entre le patient et le soignant est alors essentielle. Les séances sont toujours suivies d’un temps d’anamnèse.

Développer ces méthodes n’a d’autre objectif que la recherche d’un apaisement physique ou psychologique du patient. Elles requièrent une application rigoureuse par respect du patient mais demandent aussi une grande souplesse pour laisser à celui-ci une grande liberté d’adhérer ou non à ces méthodes. Il n’y a pas de schéma défini car celui-ci s’adapte à l’histoire et à la personnalité de chacun.

Par expérience, on a vu qu’elles pouvaient faciliter l’intervention de la psychologue, de l’art –thérapeute, par la démarche positive qu’elles installent. Mais surtout, elles visent à améliorer la qualité de vie du patient ainsi que la prise en charge de la douleur par des méthodes non invasives et non iatrogènes.

Tous les usagers de l’établissement peuvent être concernés par ce type d’activité thérapeutique. Cependant dans la phase actuelle du projet, les séances de sophrologie sont proposées uniquement dans le service de soins de suite accueillant des patients relevant de la cancérologie et plus particulièrement des soins palliatifs, à savoir :

 des patients en phase curative de consolidation (en inter-cure ou suite de cure),
 des patients en phase palliative pour lesquels une rémission est possible grâce à des thérapeutiques actives,
 des patients en phase terminale avec la mise en place d’un accompagnement privilégiant le confort de vie.

La description du dispositif
Afin de disposer de nouvelles thérapeutiques, lorsque les traitements dits « habituels » montrent leurs limites, la prise en charge des douleurs cancéreuses rebelles a connu différentes étapes dans le cadre du projet médical et du projet de service :

 en 2004, par la proposition de soins esthétiques aux patients du service oncologie et soins palliatifs.
 en 2007, par la mise en place et le développement de soins de support tels que les soins esthétiques et l’art-thérapie,
 en 2009, par la mise en place et le développement de méthodes de relaxation, comme la sophrologie et l’hypnose qui sont eux aussi des soins de support.

Dans un premier temps, l’infirmière formée à la sophrologie et à l’hypnose est intervenue dans le service de soins de suite oncologie et soins palliatifs de l’établissement au lit du patient. C’est un service qui compte 18 lits dont 8 dédiés aux soins palliatifs.

Ensuite, après avoir évalué les actions et les résultats dans ce service puis les besoins des autres services de l’établissement, il sera envisagé de déployer ces soins à l’ensemble de la structure.

Les acteurs
Une infirmière du service oncologie et soins palliatifs est à l’origine du projet. En effet, très intéressée par ces techniques et après s’être renseignée sur les modalités de formation, elle a souhaité se former (deux années à l’université de SAINT-ETIENNE pour obtenir un DU de Sophrologie et des méthodes de relaxation et une année en hypno-analgésie à l’IFH de Paris).

Ensuite, le projet s’est monté avec l’équipe soignante du service en accord avec la Direction des soins et la Direction de l’établissement. L’objectif est d’intégrer ce soin de support aux deux autres déjà existants dans le service, à savoir les soins esthétiques et l’art-thérapie.

Les axes prioritaires

 L’implication des professionnels de santé dans la promotion des droits des patients,
 Les dispositifs incitant à promouvoir la bientraitance et la qualité de service dans les établissements de santé

3. Le réalisation

La mise en oeuvre
Les difficultés rencontrées se résument aux questions d’ordre budgétaire. En effet, afin de pérenniser le projet actuel il est indispensable de financer 20% de temps pour l’infirmière formée à ces techniques, soit une journée par semaine. En raison du contexte budgétaire des établissements publics de santé ce financement ne peut être obtenu qu’en sollicitant d’éventuels partenaires financiers extérieurs.

Les bienfaits pour les patients et leurs familles sont tels qu’ils poussent les porteurs du projet, l’équipe soignante et la Direction à poursuivre les recherches. Il nous encourage également à communiquer autour de ce projet innovant qui apporte une réelle valeur ajoutée dans la prise en charge de la douleur et des angoisses des patients.

Le calendrier
Le projet de pérennisation de la sophrologie s’inscrit dans les orientations stratégiques du service afin d’améliorer la prise en charge globale du patient grâce au développement des soins dit « de support » programmé depuis 2003 :

 2007 : Mise en place et développement des soins de support en accord avec le projet médical et le projet de service.
 Mars 2009 : Début de la prise en charge de patients en Sophrologie dans le service de soins palliatifs par une Infirmière en formation sur son temps personnel.
 Septembre 2009 : Présentation au CLUD du projet de mémoire pour la prise en charge de patients en soins de suite de coma.
 Fin 2009 : Obtention de l’AEU de Sophrologie et des méthodes de relaxation, faculté de Médecine de Saint-Etienne pour l’Infirmière du service de soins de suite oncologie et soins palliatifs.
 Fin 2010 : Obtention du DU de Sophrologie et des méthodes de relaxation, faculté de Médecine de Saint- Etienne toujours pour la même Infirmière.
 Avril 2011 : Présentation du projet « soins de supports » au 23ième colloque infirmier de la Loire au Zénith de Saint-Etienne.

1er semestre 2011 :

 Avec l’accord et le soutien de la Direction de l’établissement et de la Direction des soins, être en capacité de proposer des séances de sophrologie aux patients du service de soins de suite oncologie.
 Recherche de subvention.
 Présentation du projet de formation complémentaire en hypno- analgésie à l’association Héliotrope.
 Octobre 2011 : Formation en hypno-analgésie toujours par la même Infirmière, à l’IFH de Paris, avec le soutien de l’association Héliotrope ou à titre personnel.

 2012 : Etre en capacité de généraliser cette pratique sur l’ensemble des services de l’établissement et pérennisation du projet.

Comment et combien ?
Combien :

Cette activité ne nécessite pas l’achat de matériel et actuellement, l’infirmière propose et pratique des séances de sophrologie sur son temps personnel à titre de bénévolat en accord avec le médecin du service et la Direction des soins. Elle ne bénéficie pas de temps dégagé pour réaliser ce type de soin. Pour l’hypnose, il s’agit d’une compétence soignante supplémentaire que cette même infirmière pratique lors des soins, si le besoin s’en fait sentir.

De fait, dans l’état actuel du projet, il semble raisonnable de budgétiser une journée par semaine, soit quatre jours par mois, du salaire de l’Infirmière concernée + les charges patronales soit :
9 100 Euros par année.

Ainsi, à l’avenir, les séances continueront à s’intégrer aux soins qui se présentent, mais il sera préférable pour l’infirmière et pour le patient, d’être totalement disponible dans le temps et l’esprit. Il sera donc souhaitable que ces séances soient planifiées à l’avance.

Comment :

Ce projet est soutenu et encouragé par l’association HELIOTROPE, fondée en Janvier 2005, grâce à la mobilisation de plusieurs membres de l’équipe soignante du service oncologie et soins palliatifs. L’objectif de cette association est d’améliorer le confort des patients accueillis et de leur entourage. Elle a le souci de développer la lutte contre la douleur et d’améliorer la prise en charge des patients en fin de vie.

Ce projet s’inscrit donc dans les objectifs de cette association qui travaille en partenariat avec la Ligue contre le cancer, au développement des soins de support comme l’esthétique et l’art-thérapie et plus récemment la sophrologie. En effet, l’association a financé intégralement la deuxième année de formation de l’infirmière inscrite au DU sophrologie. Elle sera prochainement sollicitée pour financer le projet de formation en hypno analgésie afin de compléter les apports théoriques et pratiques de la prise en charge de la douleur.

Recherches en cours :

D’autres fondations ont été, sont ou seront sollicitées comme les fondations CNP, APICIL, AG2R,…

La communication
La Direction et la Direction des soins du Centre Hospitalier Georges CLAUDINON ont été informées, dés la première année de formation de l’infirmière en sophrologie, du projet de proposer aux patients une forme de soutien autre que médicale ou psychologique. Elles ont alors manifesté leur intérêt et leur approbation pour ce projet et ont apporté leur soutien aux personnes concernées dans leurs démarches de recherches de partenaires financiers.

Le CLUD (Comité de Lutte contre le Douleur) du Centre Hospitalier Georges CLAUDINON est l’instance de référence pour garantir la qualité des soins en ce qui concerne la prise en charge de la douleur, qui a lui aussi approuvé et soutenu ce projet lors de la réunion du 21 Septembre 2009.

Le 14 avril 2011, le projet des soins de support en service de soins de suite cancérologie et soins palliatifs a été présenté au Zénith de Saint-Etienne lors du 23èmecolloque en soins infirmiers de la Loire afin d’informer les structures intéressées par la mise en œuvre de ce type d’activités.

Il a remporté un vif succès, depuis ce jour de nombreux retours positifs et contacts ont eu lieu avec des infirmières et des cadres de santé de différents horizons (prise en charge de la SLA, prise en charge des personnes âgées, Instituts de formation en soins infirmiers….), ce qui nous encourage à poursuivre dans cette dynamique de communication en répondant favorablement aux diverses sollicitations.

C’est dans ce contexte que le projet sera présenté le 22 septembre 2011 aux journées de coordination Nationale des centres SLA à SAINT-ETIENNE et le 14 Novembre à l’IFSI de la Croix rouge de SAINT-ETIENNE pour les étudiants de 3ième année.
De plus, nous avons, à de nombreuses reprises, contacté la presse locale afin de communiquer sur ce projet qui nous tient beaucoup à cœur.

4. Et après

Les resultats
Ces techniques ont montré toute leur efficacité, en particulier lors d’une ponction, d’un pansement lourd, d’une angoisse, d’une toilette… Ces gestes sont alors facilités. Il en est de même lors de l’accompagnement des patients, lorsque la fin de la vie est proche.
Ces méthodes de relaxation permettent de vivre ces moments en état de conscience modifiée, la réalité n’est plus perçue de la même manière et permet de diminuer les facteurs anxiogènes de ces situations.

Ce sont :

 Des moments de repos profond.
 Des moments d’harmonie pour le corps, où l’énergie peut se recentrer dans des images positives.
 Des invitations à rêver, où l’imaginaire n’est jamais loin pour réparer les blessures et diminuer l’angoisse.
 Une facilitation au dialogue avec d’autres thérapeutes (psychologue, art-thérapeute).
 Une nouvelle image de soi : Ne plus être réduit à une maladie, même dans son esprit.
 Un moment où laisser les émotions s’exprimer.
 Un moment où le thérapeute guide où c’est le patient qui fait sa propre séance de relaxation.

Dans le cadre d’un service d’oncologie et de soins palliatifs où certains patients continuent de suivre des traitements lourds de chimiothérapie ou de radiothérapie, la sophrologie ou l’hypnose permettent de retrouver une autre image de son corps et de saisir l’énergie qu’ils ont encore en eux. Cette méthode ne cible pas la pathologie mais ouvre des horizons de bien-être en s’appuyant sur les ressources et les sensations positives.
« Ressentir ce qui nous advient, c’est se sentir vivant face aux faits de notre existence, c’est un face à face qui structure un rapport à soi avec l’extériorité qui nous touche. Ce contact se saisit d’une relation au monde qui nous rend vivant (…). Notre corps n’est pas médiateur de langage, comme les mots et les images. Il est langage » (D. E. CORRIN-traité d’hypno thérapie)

Ce type de soins ne se substitue pas aux autres mais il vient en complément des soins de supports, comme les soins esthétiques et l’activité d’art-thérapie, déjà proposés dans le service.

C’est pourquoi nous souhaitons développer ses techniques de soins prometteuses au regard de ce que nous avons pu mettre en place dans le service jusqu’à aujourd’hui.

Nous envisageons donc de pérenniser cette activité dans notre service pour ensuite la généraliser à tous les services de l’établissement à la demande des soignants lors de prises en charges difficiles. Car tous les usagers de l’établissement peuvent être concernés par ce type d’activité thérapeutique, cependant dans la phase actuelle du projet, les séances de sophrologie sont proposées dans le service de soins de suite accueillant des patients relevant de la cancérologie et plus particulièrement des soins palliatifs.

Evaluation et suivi
L’évaluation se fait à chaque séance et dans le temps par le retour des patients.
Les différents indicateurs mis en place permettent d’évaluer l’atteinte de nos objectifs.

En effet, conforté par les résultats probants de cette première expérience, l’établissement a entrepris un suivi qualitatif et quantitatif de cette activité afin de pouvoir justifier de sa nécessité auprès des patients.
Ainsi, différents tableaux de bord et indicateurs nous permettent d’évaluer l’atteinte des objectifs :

 Une fiche de traçabilité de l’activité sophrologie qui fait partie du dossier de soins du patient.
 la fiche de traçabilité de la douleur.
 Le récapitulatif annuel du nombre de patients pris en charge.
 La consommation d’antalgiques.

Quelques conseils et témoignages
Il faut sans aucun doute faire preuve de persévérance, de motivation, de courage pour aller de l’avant et déployer des trésors de créativité et de « culot » pour taper aux portes sans complexe ni censure.

Mais c’est possible, c’est même enthousiasment, il faut y croire car les bénéfices pour les patients et les familles vont au-delà des espérances attendues.

Les soins de supports ne ce substituent pas aux soins, ce sont des « plus » mais qui font toute la différence.