Obésité : prévention et prise en charge

Contexte

En France, 17 % de la population adulte est obèse, ce qui représente plus de 8 millions de personnes. Maladie chronique évolutive allant de l’obésité simple à l’obésité sévère et/ou complexe, elle est un facteur de risque majeur pour les pathologies les plus fréquentes (maladies cardio-vasculaires, diabète de type 2, etc.). Les conséquences psychologiques et sociales, comme la mésestime de soi, la dépression, la stigmatisation, sont conséquentes et délétères.

On constate quatre tendances fortes, propres à la France, qui persistent en dépit des efforts engagés par les pouvoirs publics depuis plusieurs années :

 L’augmentation de la proportion des personnes évoluant vers une obésité très sévère, qui correspond à un indice de masse corporelle IMC > 40 kg/m². En 2016, 2 % des femmes (1,3 % en 2006) relevaient de l’obésité sévère et 1 % des hommes (0,7 % en 2006), soit plus de 500.000 personnes adultes
 La persistance d’inégalités sociales fortes : ainsi, dès l’âge de six ans, les enfants d’ouvriers sont 4 fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadres : 16 % sont en surcharge pondérale et 6 % sont obèses contre respectivement 7 % et 1% chez les enfants de cadres
 La part plus élevée en outre-mer que dans l’hexagone de la population obèse et souffrant de pathologies associées. En Guadeloupe et en Martinique, l’obésité touche respectivement 23 % et 28 % des adultes contre 17 % dans l’hexagone
 L’augmentation du recours à la chirurgie de l’obésité, 4,5 fois plus en 10 ans : 68.000 personnes ont été opérées en 2017 alors qu’elles étaient 15.000 en 2006. Or, les techniques chirurgicales ne doivent concerner que des obésités sévères réunissant un ensemble de conditions et n’est à envisager chez les mineurs que dans des situations exceptionnelles. Le suivi doit être resserré et nécessite un accompagnement de long terme
 Le risque d’obésité des personnes avec une déficience intellectuelle est supérieur à celui de la population générale. La prévalence est doublée (environ 30 % de la population enfants avec une déficience intellectuelle) et les chiffres sont encore plus hauts lorsqu’il existe des signes du spectre autistique (50 % de la population). L’obésité représente un double handicap pour ces personnes déjà fragilisées et peut être un facteur d’exclusion. Les déterminants sont multiples avec une forte intrication entre eux et l’environnement.

Objectifs

Pour faire face à ces constats, la feuille de route « prise en charge de l’obésité » 2019 vise à structurer et à mettre en oeuvre des parcours de santé gradués et coordonnés, adaptés aux personnes obèses ou à risque de le devenir, en veillant particulièrement à réduire les inégalités d’accès aux soins et améliorer la qualité des prises en charge.

Cette feuille de route se décline en 4 axes :

 Améliorer la prise en charge des personnes atteintes de surpoids et d’obésité par la structuration de parcours de soins gradués et coordonnés ;
 Renforcer la régulation de la chirurgie bariatrique pour une meilleure pertinence ;
 Développer la formation et l’information ;
 Soutenir l’innovation et mieux évaluer.

Mesures

1. Détecter précocement les personnes obèses ou à risque d’obésité par la saisie régulière du poids et de la taille dans le Dossier Médical Partagé-DMP, dès le plus jeune âge  : en effet, la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie, selon les études, de 20 % à 50 % avant la puberté jusqu’à atteindre entre 50 % et 70 % après la puberté.

2. Orienter les personnes obèses ou à risque d’obésité vers les équipes adaptées. Les parcours de soins seront gradués et personnalisés, c’est-à-dire, adaptés à la complexité de la situation de chaque patient. Pour cela, les professionnels pourront s’appuyer sur des référentiels posant les indications justifiant une prise en charge de l’obésité et définissant les conditions d’une coordination renforcée des intervenants.

3. Améliorer la lisibilité de l’offre sur les territoires et, plus globalement,l’information des personnes obèses : Mise en œuvre de programmes d’éducation thérapeutique du patient et d’actions privilégiant la formation et l’intervention de patients ressources, mise à disposition d’une cartographie des professionnels spécialisés dans la prise en charge de l’obésité et des associations de patients.

4. Conditionner, dès 2020, l’activité de chirurgie de l’obésité à une autorisation selon des critères de qualité : information du patient en amont de la chirurgie, inscription dans la durée du suivi des personnes opérées, diffusion publique des résultats des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) des établissements hospitaliers.

5. Renforcer les centres spécialisés de l’obésité (CSO) dans leur rôle d’animation et de coordination de la filière de soins ainsi que d’appui des professionnels : diffusion des bonnes pratiques, développement de la coordination et du suivi des personnes obèses sévères, prise en charge des situations complexes notamment chez les enfants, coopération avec les établissements médico-sociaux de leur territoire, en particulier accueillant les enfants. Les CSO doivent être positionnés comme les référents de la prise en charge des obésités sévères.

6. Adapter et soutenir la filière obésité dans les Outre-mer notamment en développant la collaboration entre les CSO de l’hexagone et les établissements et professionnels d’outre-mer et en proposant des programmes d’éducation thérapeutique adaptés.

7. Déployer, d’ici 2022, des expérimentations innovantes en direction de publics ciblés : les enfants de 3 à 8 ans à risque d’obésité (« Mission Retrouve ton cap »), les enfants et adolescents atteints d’obésité sévère (« OBEPEDIA »). Elles donneront lieu à une évaluation afin d’en tirer les enseignements utiles en perspective d’une éventuelle généralisation.

Les actions seront mises en œuvre à titre principal par le ministère des Solidarités et de la Santé.