Relations France-Brésil en matière de santé : renforcer une coopération déjà ancienne et institutionalisée

La visite du chef de l’Etat français en République fédérative du Brésil les 27 et 28 mars 2024, a été l’occasion de renforcer la coopération bilatérale en matière de santé, par la signature d’une déclaration d’intention. La coopération dans le domaine de la santé entre les deux pays est en effet ancienne et présente plusieurs enjeux.

La coopération avec le Brésil a été institutionnalisée par un partenariat stratégique signé entre les ministres français et brésiliens de la Santé en 2014. Un Plan biennal de coopération en santé a en outre été défini lors des premières Assises franco-brésiliennes de la santé en 2015. Les relations de travail ont été impactées par la situation politique du Brésil dès 2016 et jusqu’à la fin du mandat du président Jair Bolsonaro. L’élection de Lula da Silva en 2022 marque néanmoins un retour du Brésil sur la scène internationale et la possibilité de renouer des liens avec un partenaire privilégié dans la coopération en santé. Plusieurs facteurs y ont contribué : les partenariats historiques, les politiques de santé actives, ayant longtemps motivé les échanges dynamiques avec la France, ainsi que la frontière commune avec la France en Guyane.

Renforcer la coopération bilatérale en santé

La nouvelle déclaration d’intention vise à définir un cadre général pour le renforcement des coopérations en santé avec le Brésil, en lien avec les priorités de la Stratégie française en santé mondiale. Elle sera par la suite déclinée en feuilles de route opérationnelles selon les thématiques. Elle se présente en trois axes :

  1. Renforcer le système de santé publique ;
  2. Promouvoir la science, la technologie et l’innovation dans le domaine de la santé ;
  3. Promouvoir et approfondir la coopération transfrontalière en matière de santé entre la Guyane française et l’Etat de l’Amapa.

Le renforcement des systèmes de santé publique passera par :

  • des échanges sur la gouvernance et la gestion des hôpitaux,
  • la formation et le renforcement des capacités des personnels de santé,
  • les soins de santé primaires, dont la promotion de la santé et la prévention,
  • la santé numérique,
  • la surveillance de la santé et de l’environnement,
  • ou encore différentes politiques de dépistages de la santé mentale et des maladies transmissibles et non transmissibles.

S’agissant de la promotion de la science, la technologie et l’innovation, la coopération sera renforcée dans le domaine de la transfusion sanguine et de la chaîne de production des hémodérivés, mais également pour certaines maladies : maladies sexuellement transmissibles, VIH, tuberculose, maladies infectieuses émergentes, hépatite virale et arbovirus. Elle permettra par ailleurs d’accroître les capacités locales de production de vaccins, de médicaments et de technologies en santé, de promouvoir la recherche scientifique conjointe et d’encourager la formation de réseaux de coopération entre les institutions de santé et de recherche des deux pays.

Enfin, tenant compte de l’enjeu transfrontalier fort entre la France et le Brésil du fait des 730km de frontière entre la Guyane et l’Etat de l’Amapa, la déclaration d’intention vise à renforcer les actions de soutien et d’organisation des services de santé ainsi que la coopération hospitalière à la frontière. Elle s’attache également à promouvoir les activités de surveillance en matière de santé, à favoriser l’échange d’expériences autour de problématiques communes, et à développer des projets de recherche clinique sur les maladies infectieuses émergentes.

Le renforcement de la coopération en santé est ainsi consolidé par cette déclaration, qui s’inscrit à la fois dans les échanges entre la France et le Brésil mais également dans le cadre de coopérations conjointes avec des pays tiers.

Des enjeux multilatéraux

En 2024, le Brésil assure la présidence du G20. Pour la filière santé, cette dernière a ainsi fait le choix de quatre priorités qui seront discutées conjointement tout au long de l’année, jusqu’à la réunion des ministres de la Santé, prévue fin octobre :

  • la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies (PPR) ;
  • la santé numérique ;
  • l’équité en santé ;
  • le changement climatique et la santé.

Le Brésil souhaite aboutir à l’issue de sa Présidence à la création d’une alliance pour l’innovation et la production régionale de produits de santé stratégiques. L’objectif est de contrer les défaillances de marché et leurs effets sur la prise en charge de certaines maladies en particulier la dengue, le paludisme, la tuberculose, la maladie de Chagas et la lèpre.